Des obsèques rappellent aux Francs-Comtois ce qu’ils doivent à de nombreux Alsaciens.

Le Petit Comtois  du 19 novembre 1914 

Avec les protestants du pays de Montbéliard, avec des Suisses, ce sont des Alsaciens qui ont contribué à la prospérité industrielle du Nord de la Franche-Comté.

10_19_11_1914 Rieger usine Grün 1Le 18 novembre 1914, alors que partout le deuil de jeunes soldats frappe de nombreuses familles, à Lure, on organise les obsèques d’un vieil homme, né en 1832 à Guebwiller et venu s’installer dans cette ville haut-saônoise à l’issue de la guerre de 1870. Cet Alsacien, M. Jean-Jacques Rieger, comme tant d’autres, ne voulait pas demeurer dans son pays annexé par l’Allemagne, même s’il était aussi guidé par ses intérêts. Cet exode de nombreuses familles d’industriels valu à la Franche-Comté proche de l’Alsace un regain d’activités profitable. C’est un transfert d’entreprises et de capitaux qui se fit à l’avantage de la région ainsi que du versant vosgien lorrain qui restait français. Ce fut souvent un dédoublement, une base alsacienne subsistant.

Il y avait eu des investissements alsaciens avant 1870 dans le nord franc-comtois. De Mulhouse, des filages mécaniques avaient été installés dans les vallées descendant des Vosges.                                           (Ci-dessous, photo des usines Grün en 1929.)10_19_11_1914 Rieger usine Grün

Mais c’est donc après le Traité de Francfort, qu’un véritable exode d’Alsaciens entreprenants s’accompagna d’implantations industrielles et ce, jusqu’à Besançon. Dans cette ville, les papeteries Weibel sont construites  aux Prés- de-Vaux et à proximité, à Novillars. Le même industriel participa aux investissements dans l’entreprise de soie artificielle de son inventeur Hilaire de Chardonnet. Un autre alsacien, M. Zuber, fonde la papeterie de Torpes, elle aussi proche de Besançon. L’entreprise Mischler de fermetures en bois ou métal, après avoir commencé à Belfort, s’implanta aussi à Besançon et en Haute-Saône avant 1914. Belfort, Héricourt et Lure ou Luxeuil furent les localités les plus bénéficiaires de ces implantations d’origine alsacienne : Dollfuss Mieg, la Société Alsacienne de Construction Mécanique (à l’origine d’Alsthom) et, dans le tissage et la filature, les familles Koechlin, Schwartz, Stehelin, Stein, Zeller, Mieg , les Grün à Lure dès 1871… (Source ; Michel Chevalier : Tableau industriel de la Franche-Comté ALUB Besançon . 1961)

Au nord de la Franche-Comté et à Lure par exemple, les avantages rencontrés par ces industriels tenaient, entre autres, dans la présence du bassin charbonnier de Ronchamp.

On comprend aisément la force des liens  entre la Franche-Comté et l’Alsace. Avant 1914, la frontière était ouverte, il ne faut pas l’imaginer infranchissable, car les relations commerciales étaient assez libres. D’où l’intérêt porté à cette province perdue en 1871.
Pendant la guerre, une rubrique quasi-quotidienne concernait le front en Alsace dans le Petit Comtois.

Ce 19 novembre, à l’occasion de cette nécrologie, le journal s’apitoie sur le sort des Alsaciens et rappelle les quelques succès militaires à la frontière de l’Alsace allemande.10_19_11_1914 Rieger usine Grün 2

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