Besançon : Le bureau de poste de Granvelle

Le Petit Comtois du  1er octobre 1923 

Enquête ouverte ; de meilleurs connaisseurs des lieux m’aideront peut-être à la clore.

Les vieux Bisontins se souviennent du bureau de poste de Granvelle situé immédiatement après le Palais en remontant la Grande Rue, au n°98. Il est d’autant plus facile à localiser que la Galerie d’Art qui lui a succédé se nomme Galerie de l’Ancienne Poste.

Mais n’y eut-il  pas une période où le bureau occupa des locaux dans le Palais lui-même ? et quelle fut précisément cette période?

Un billet d’humeur paru dans le Petit Comtois du 1er octobre 1923 m’amène à cette interrogation. Avec l’aide des documents de memoirevive, la réponse n’apparaît pas si simple. Si des Bisontins peuvent éclairer ma lanterne, je leur serais reconnaissant de laisser un commentaire sur ce blog.

Le rédacteur de ce billet commence par s’en prendre à tous les locaux de l’administration publique jugés généralement vieillots et peu entretenus. Pour le bureau de poste bisontin de Granvelle, ses propos sont plus alarmistes d’autant qu’il le signale installé au rez-de-chaussée d’un joyau architectural de Besançon, le Palais Renaissance construit au XVIe siècle par Nicolas Perrenot de Granvelle, chancelier et garde des sceaux de Charles-Quint.
Les lignes de ce journal ont autant pour but de dénigrer l’incurie administrative des PTT que de déplorer l’inaction de « l’administration des beaux-arts – section des monuments historiques » laissant se dégrader un tel monument.

L’emplacement du bureau de poste interroge car des cartes postales antérieures aux années 1920 nous le font voir là où on l’a connu au XXe siècle avant sa fermeture, c’est-à-dire dans le bâtiment immédiatement à côté du Palais.

La photo ci-dessous (1900-1910) englobe le bureau des Postes et Télégraphes, sur la gauche (encadré en rouge), et le Palais, plus à droite. Plus tard (tout de suite après la guerre ?), il occupera un autre emplacement, dans le Palais lui-même avec entrée dans le passage sur rue (encadré en jaune) dont il est question dans cette édition du Petit Comtois. L’installation de ce bureau des Postes et Télégraphes date du début des années 1880. On trouve aux archives municipales, des documents pour les travaux préalables et l’installation des Postes et Télégraphes à cet endroit, datés de la fin des années 1870.

Le rédacteur n’est pas avare de précisions sur cette localisation car elles lui permettent ses critiques et cela ne laisse aucune ambiguïté sur le lieu ; il s’agit bien d’une partie du rez-de-chaussée du Palais. L’entrée se trouvait sur la gauche du passage donnant accès à la cour ; elle ouvrait sur un espace public face aux guichets. Deux baies vitrées auraient dû laisser passer suffisamment de lumière, mais la crasse déposée sur les vitres transformait la clarté la plus éclatante en un demi-jour indigent.

L’espace public était restreint par une cabine téléphonique dans un coin, en face de l’entrée et surtout par une poutre verticale chargée de soutenir le plafond en attente de réparations, preuve du mauvais état du bâtiment.

Un plan de 1946 confirme bien cet emplacement du bureau de poste. Et on y repère l’entrée dans le passage entre la rue et la cour du palais, l’espace public et celui des guichets, la cabine téléphonique, les deux fenêtres  à meneaux et fronton triangulaire. On apprend que les pièces du rez-de-chaussée dans son prolongement faisaient fonction de logement pour la receveuse des postes.

Alors quand ce bureau de poste a-t-il quitté les locaux jouxtant le Palais pour y intégrer celui-ci ? Et quand l’a-t-il quitté pour retrouver le local précédent ? Ces précisions de date me manquent et mériteraient une recherche dans les archives de la Poste ou du Palais Granvelle.

En observant des cartes/photos antérieures à 1900, on peut constater une autre occupation que le bureau de poste par une activité du bâtiment. Les annuaires du Doubs de la fin du XIXe ne permettent pas de préciser l’enseigne visible sur cette photo. Mauvillier Emile à qui est dû ce cliché exerça la profession de photographe après 1883. Cette vue est vraisemblablement antérieure à 1900 et même à l’implantation des Postes et Télégraphes.

Ouvert au début de la IIIe République, le bureau fut déplacé dans le Palais Granvelle peut-être pendant ou après la grande guerre (cependant, le Palais servit un temps d’hôpital temporaire durant le conflit). Il y était encore en 1946 avant de retrouver ses anciens locaux pour disparaître à la fin du XXe siècle.

Ce billet de presse de 1923 déplorait moins le délabrement d’un bureau de poste que celui du Palais Granvelle. Ce monument historique faisait alors pitié à voir selon l’auteur de ces lignes.

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