Chronique avisée sur la Russie pendant la révolution de 1917

Le Petit Comtois du 01 août 1917

Cette chronique est due à Jean BOUCHOT (1886-1932), un nom connu des Bisontins par son père, Henri, conservateur et historien de l’art célèbre. Son nom fut donné à un square de la ville de Besançon et sa statue y fut érigée dès l’année suivant sa mort, en 1907.

Familier de la Finlande, alors russe, où il passa plusieurs années à y enseigner le français à Helsinki (Helsingfors dans l’article), Jean BOUCHOT pouvait effectivement prétendre parler de la Russie en connaissance de cause, en tous cas dans sa partie européenne. Bouchot, pour sa démonstration s’appuie donc sur la Finlande et les contrées européennes de la Russie. Sage décision de sa part, car il les connaît bien, mais il ignore ainsi d’autres populations pourtant aussi amalgamées dans l’empire russe.

Il ne s’aventure donc pas à évoquer l’Asie centrale russe, de peuplement non slave, de religion musulmane et correspondant ni plus ni moins qu’à des colonies acquises depuis le milieu du XIXe siècle ; elles ont simplement la particularité d’être dans la continuité territoriale de la Russie slave et non outre-mer. Cela ne l’empêche pas d’avertir son lecteur de l’aspect multiethnique de la population de l’Etat russe puisque c’est aussi le cas dans la partie européenne. Début octobre, le Petit Comtois évoquera les révoltes au Turkestan, comme quoi le lecteur pouvait aussi apprendre l’existence troublée de cette Russie d’Asie centrale.

Rappelant que la Russie est un géant par sa population (116 millions d’habitants), il emploie le terme « colossal » et doit avoir à l’esprit cette expression – très utilisée par les diplomates dès l’avant-guerre – de « colosse aux pieds d’argile ».
En effet, il présente  la diversité des nationalités composant la Russie comme une faiblesse.

Bouchot commence par citer les Polonais et insiste sur ce qui fait d’eux une nation autant que les Russes en constituent une. La longue tradition de proximité entre la France et la Pologne doit permettre au lecteur de suivre sa démonstration. Il poursuit avec les peuples baltes, Lituaniens, Estoniens et Lettons (la Courlande est une dénomination ancienne de la Lettonie) et surtout les Finlandais qu’il connaît si bien. Pour lui, ces peuples ont droit à leur « individualité », autrement dit à leur indépendance.

Bouchot comprend que la révolution russe est propice à des mouvements nationaux indépendantistes et il est persuadé du bon droit de ces peuples qui n’ont été rattachés à la Russie qu’à la suite de traités indifférents au bien des nations.

La dernière nation qu’il nomme n’est pas la moindre ; l’Ukraine lui paraît, encore plus que d’autres, mériter son indépendance. Le billet en rapport avec le Petit Comtois du 29 juin 1917 montrait déjà cette aspiration nationaliste.

Les lecteurs du Petit Comtois recevaient une information anticipant le résultat des traités et expliquant ce qu’allaient être les choix des vainqueurs : l’indépendance des pays baltes, de la Finlande et surtout de la Pologne. 

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