L’Éclair Comtois du 17 août 1916
Le billet du 07 juillet commémorait le bombardement de Lure le 6 juillet 1916.
Celui du 17 avril soulignait les précautions prises par les autorités locales de Besançon pour inciter la population à adopter une attitude responsable lors des incursions d’avions ennemis au-dessus de la ville
Il ne fallut pas attendre longtemps pour que celles-ci s’avèrent utiles et montrent qu’elles étaient imparfaitement respectées.
En effet, la nuit du 15 au 16 août 1916, un avion allemand largua plusieurs bombes sur la ville provoquant quelques dégâts et blessés.
Le 19 août, d’autres recommandations étaient notifiées aux habitants : ceux-ci devaient déposer en mairie tout débris de projectiles afin d’identifier la nature des bombes utilisées par l’ennemi et, bien sûr, ne pas toucher à des explosifs éventuellement intacts, avant enlèvement par l’autorité militaire.
Cette alerte du 15 août donna naissance à des rumeurs : des explosions sur Besançon auraient été dues à des projectiles de la défense anti-aérienne. Le 23 août, la presse locale publia un communiqué de l’autorité militaire démentant cela, mais rappelant que des éclats et des culots d’obus français pouvaient effectivement retomber sur la ville. La population en avait déjà été avertie. Les rumeurs étaient certainement fondées.
En tous cas, l’événement entraîna un redoublement de précautions. Les gens devaient rentrer chez eux et, dans toute la mesure du possible, rejoindre des caves de lieux publics pouvant servir d’abri. Une liste fut communiquée à la presse locale (cf. ci-contre).
Ces mesures préventives n’eurent pas à être beaucoup appliquées en 1916-1918, mais elles servirent de référence, vingt ans après, lors de la deuxième guerre mondiale.
Cette attaque conduit aussi à préciser comment devait être annoncée la fin de l’alerte. Sonner la « berloque » devint une expression militaire familière. – Le terme « berloque » désigne une sonnerie de clairon mettant fin à un exercice militaire –
Les Bisontins ne prirent pas suffisamment au sérieux les mesures de précaution recommandées. Ainsi, masquer les lumières à la nuit tombée leur paraissait inutile. Et c’est pour faire respecter cet interdit que la police mit 32 contraventions le 30 août. Et elle récidiva deux jours après, le 1er septembre, avec 18 autres contraventions portant surtout sur des commerçants, débitants et habitants de rez-de-chaussée.
Par la suite, la population dut mieux respecter ces couvre-feu momentanés. Le survol de la ville par les avions ennemis fut alors assez régulier, mais rarement dangereux pour ses habitants. Ce fut le cas le 22 septembre 1916. La DCA était vigilante et Besançon n’était pas un objectif majeur pour les Allemands. Ce fut encore le cas le soir du 10 octobre et les canons de la défense anti-aérienne tonnèrent pendant près d’une heure. Seules cinq bombes furent larguées sans provoquer ni victimes, ni dégâts si l’on en croit le Petit Comtois du 11 octobre 1916. En fait, le surlendemain, ce journal admettait la chute de treize bombes avec des dégâts limités, mais 6 blessés.
Malgré ces risques, les récriminations face aux mesures de prévention ne manquèrent pas, surtout pour l’extinction des lumières à la nuit tombée et l’on trouve cette réaction venimeuse dans l’Éclair Comtois du 4 octobre ↓
Et dans le Petit Comtois du 10 octobre 1916, une longue diatribe contre l’interdiction des éclairages nocturnes argumente vigoureusement sur leurs avantages et inconvénients et estime que le risque boche est bien faible au regard de l’impunité des apaches, des agresseurs sexuels, des automobilistes causeurs d’accident.
Le rédacteur conclut : Du gaz ! Des réverbères !