Friedrichshafen, centre de construction et d’essai des zeppelins, bombardé.

Le Petit Comtois du 20 novembre 1914

11_20_11_1914 ZeppelinsUne information en provenance de Genève rappelle aux lecteurs du Petit Comtois l’existence de ces dirigeables qui effrayaient tant les populations par leur taille (plus de 150 m de long) et par leur usage de bombardement. Liège puis Anvers en avaient été victimes dès le début de la guerre et, à Besançon  le 22 septembre, le journal  parlait  déjà des zeppelins et de la peur qu’ils inspiraient à travers l’exemple d’une rumeur.

Cet article fournit de la base de Friedrichshafen un descriptif impressionnant par le rythme de production de ces engins colossaux et en raison des capacités de destruction par bombardement évoquées. La qualité de la défense d’un zeppelin donne aussi à penser que le dirigeable est difficile à détruire.

Enfin, parlant d’une quarantaine d’engins construits, à raison de un par semaine, on peut s’interroger sur l’origine des sources en raison d’un nombre réellement utilisable par l’armée beaucoup plus réduit (cf. infra). L’information publiée à Genève émanait-elle d’une source de propagande allemande ?

11_20_11_1914 Zeppelins photoLa carte suisse ci-dessous (source Géoportail)  permet de localiser la base de fabrication et d’essai des zeppelins allemands, à Friedrichshafen, sur le bord du lac de Constance (Bodensee), en face de la Suisse. Dans cette ville, il existe aujourd’hui un musée consacré à ces dirigeables.11_20_11_1914 Zeppelins Friedrichhafen

Ferdinand Graf von Zeppelin (1838-1917), avait fait une carrière militaire jusqu’en 1891, participant aux guerres austro-prussienne et franco-prussienne. Après avoir quitté l’armée, il se consacra à la mise au point de ces ballons dirigeables et parvint, dès 1900, à leur donner une sécurité suffisante malgré l’utilisation du gaz d’hydrogène très inflammable. Grâce à l’aide financière d’Hugo Eckener, il réussit encore à progresser.  Après un usage commercial, Zeppelin travailla pour l’armée allemande qui se dota de cet aéronef en 1909.

Durant la guerre, une centaine de zeppelins fut construite et utilisée, mais leur place en première ligne disparut dès 1916 en raison de leur vulnérabilité à tout type de tir. Et, en 1917, ils furent abandonnés car l’aviation alliée les détruisait trop facilement. En 1914, leur usage contre Liège et Anvers leur asura une macabre célébrité, mais ils servirent aussi à la reconnaissance à longue distance. Mais déjà leur fragilité les remettait en cause. D’après certaines sources, l’armée allemande n’aurait reçut que trois zeppelins entre août et décembre (mais le site the Puget Sound Airship society note que 8 ont été construits dans ce laps de temps). Elle en avait une dizaine au début de la guerre et en  perdit huit avant la fin de 1914, dans des accidents ou des attaques. Au 1er janvier 1915, elle aurait donc disposé de 5 zeppelins, loin des 40 dont parle le Petit Comtois, laissant supposer que l’information est d’origine propagandiste.

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Ci-contre : le Zeppelin n°26. Il a participé à 11 attaques dans le Nord de la France et sur le front russe. Il a transporté 20 tonnes de bombes. Il fut désarmé en 1917. Source : http://www.pugetairship.org/zeppelins/list_2.html

12_22_11_1914 zeppelin 24 novLe Petit comtois signale quelques jours après, les 24 et 25 novembre, qu’une escadrille de 3 avions  pilotés par des Anglais, décolla de Belfort pour aller bombarder les hangars de la base allemande de Friedrichschafen. On ne trouve pas trace, dans l’historique des zeppelins, de pertes éventuelles. Mais l’agence Wolf signala cette attaque en ces termes : cf. ci-contre.  Le raid n’eut que quelques effets aux alentours des hangars à zeppelins, mais cela n’enlève rien à l’audace des pilotes d’avoir survolé le territoire ennemi et osé un vol aussi long.

Le 26 novembre, la Suisse émit une protestation en raison du survol de son territoire par les avions à leur retour. Le droit aérien  n’était pas encore très précis et il y avait débat pour savoir si la neutralité suisse avait été violée ou non. Le lendemain de cet audacieuse attaque, le gouverneur  de Belfort cita à l’ordre de la place les deux aviateurs anglais qui en revinrent et celui qui resta là-bas, blessé et fait prisonnier.

Jean-François MULLER dispose d’une carte postale d’un des avions photographié au retour de ce raid. Il nous l’a aimablement transmise. Maquettiste, figuriniste et peintre, J-F Muller travaille, entre autres, sur les avions de 1914-1918.

Il a identifié cet avion comme étant un AVRO 504. On peut lire sur https://en.wikipedia.org/wiki/Avro_504 : Le Royal Naval Air Service a utilisé quatre 504 pour former un vol spécial afin de bombarder l’ usine Zeppelin à Friedrichshafen sur les rives du lac de Constance . Trois sont partis de Belfort dans le nord-est de la France le 21 novembre 1914, transportant chacune quatre bombes de 9 kg. Alors qu’un avion était abattu, le raid a été un succès, avec plusieurs impacts directs sur les hangars des dirigeables et la destruction de l’usine de production d’hydrogène.

Les Allemands attendaient beaucoup plus des zeppelins, mais ceux-ci, trop vulnérables,  ne tinrent pas leurs promesses. Ils réussirent toutefois à entretenir une véritable peur dans les populations civiles des grandes villes menacées. 

3 commentaires sur “Friedrichshafen, centre de construction et d’essai des zeppelins, bombardé.

    1. Bonjour,
      Non, je n’ai pas d’autres renseignements sur cette escadrille et ses trois avions.
      Si vous le souhaitez, je peux mettre en ligne la carte postale pour illustrer l’article.
      Avec un visuel, je parviendrais peut-être à identifier l’appareil.
      Je vous fais parvenir mon adresse mail.

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    2. Merci pour cette carte postale, et bonne réussite pour votre travail.
      Vos représentations d’avions de 1914-1918 sont d’un réalisme exemplaire. Vous mêlez habilement la ligne claire pour les appareils à une forme d’impressionnisme pour leur environnement.

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