Arsène Moesch, un combattant de 14-18 et un résistant de 1943-44

Sophie Dougnac, dans l’édition de l’Est Républicain du 27 avril 2024 met à l’honneur un résistant et passeur en 1943-1944 : Arsène Moesch.
 Ce combattant de 14-18, marqué dans sa chair et encore plus dans son cœur par ce premier conflit mondial a montré autant de courage, sinon davantage, durant le second. Contrairement à sa mobilisation en 1915, son engagement durant la seconde guerre mondiale vient d’un choix personnel auquel rien ne l’obligeait : passer au péril de sa vie des documents et des personnes vers la Suisse après avoir été contacté par les services de renseignement de ce pays.

La grande guerre entretint indéniablement son patriotisme et son action de résistance en 1940-44 en découle.  Né en août 1916, comme ceux de sa classe, il fut incorporé au 172e Régiment d’infanterie avant ses vingt ans le 9 avril 1915. Recruté à Belfort dont dépendait sa commune de naissance, Montjoie-le-Château (Doubs), versé dans l’infanterie, il ne tarda pas à se retrouver au front.  Il bénéficia d’une citation pour son courage dès mars 1917.

Blessé au genou droit, à Soupir, lors de l’offensive du Chemin des Dames, le 16 avril 1917, il reprit du service en 1918, après guérison, dans l’artillerie.

Son expérience de la guerre en fit un adepte de « la der des der », peut-être un pacifiste dans l’entre-deux-guerres. Citée par Sophie Dougnac, sa petite-fille le présente, plus tard, comme antimilitariste, marqué par la « boucherie de 14 ».

Il est vrai qu’il y avait perdu deux frères, ses deux aînés. Georges, de la classe 1915, tomba à Tahure (Marne) en juillet 1916.

Charles, de la classe 1913, a été tué dès le début de la bataille de la Marne, vers Saint-Soupplets, au NE de Paris, le 6 septembre 1914.

Quant il commençait sa formation militaire, en 1915, Arsène savait déjà ce qu’était le prix du sang avec sa fratrie si affectée. Son horreur de la guerre (soulignée dans l’article de l’Est Républicain) se comprend, mais en 1940-44, elle n’écartait pas l’engagement pour son pays et  le rejet de l’occupation allemande, si  présente le long de la frontière suisse

Avec l’aide de l’article de Sophie Dougnac, on peut imaginer la dureté et l’importance d’une action de résistance comme celle de ce passeur en 1943-44. Au @CitadelBesancon musée de la Résistance de Besançon, à la Citadelle, elle s’appuie sur des objets ayant appartenus à Arsène Moesch et permettant d’imager son action.
On peut faire l’effort de reconstituer le trajet suivi par Arsène sur un sentier allant de sa ferme de Montjoie-le-Château vers la Suisse toute proche, au droit de son village par la Côte de Noirecombe : être aux aguets, intranquille en raison des patrouilles allemandes, se confronter à une pente très forte, avec 250 m de dénivelé sur à peine plus de 1 km, pour atteindre la frontière, souffrir des séquelles de sa blessure de 1917 au genou… Aujourd’hui, ce trajet est suivi par un chemin de grande randonnée du Pays de Montbéliard ; il emprunte cette côte et longe ensuite la frontière jusqu’aux grottes de Réclère, en Suisse, avant de redescendre vers le Doubs. (Source de la carte en cliquant sur celle-ci)

Au musée, une photo du passeur aux côtés d’un officier des renseignements suisse est dédicacée par Irène Joliot-Curie, ayant quitté Paris pour la Franche-Comté et  passée en Suisse le 6 juin 1944.

On est surpris de trouver en accompagnement de la fiche matricule d’Arsène Moesch, aux archives de Belfort, un refus ministériel pour une demande de croix du combattant volontaire 1939-1945.

L’article de l’Est Républicain qui a servi à cette présentation a été écrit à l’occasion d’une réunion de 26 membres de la famille d’Arsène Moesch rassemblés au musée de la Résistance de Besançon .

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