Jocelyn, Jocelyne, Laurence…

La Dépêche Républicaine du 18 janvier 1923

Ces prénoms sont le sujet de la chronique en flânant de la Dépêche Républicaine de Franche-Comté. Ils ont été choisis à la suite d’un film qui a plu : Jocelyn, de Léon Poirier d’après le roman en vers de Lamartine. Jocelyn, et sa version féminine Jocelyne, auraient connu un engouement populaire en 1922-1923.

On sait aujourd’hui l’influence de la télévision, des séries ou de la célébrité médiatique de chanteurs, acteurs, sportifs, animateurs célèbres… dans le choix du prénom pour les nouveaux nés par les parents. Or, en 1922-23, le film de Léon Poirier semble avoir eu le même impact. Henry de Forge en fait la remarque et s’en réjouit.

Son contentement tient d’abord à l’œuvre de Lamartine. Une version cinématographique la rend accessible à un large public qui lit peu et il en déduit : les gens, dans la simplicité de leur cœur, en gardent une impression profonde. Comme ils ont une charmante spontanéité, qui ne souffre guère de réflexion, ils n’hésitent pas à attribuer le nom du héros admiré sur l’écran, au bambin qui va naître.
Des œuvres de beauté comme celle de Lamartine, que l’adaptation cinématographique a très bien traduite, sont capables plus que toutes les autres d’enthousiasmer.

Le Jocelyn de Lamartine est un roman-poème (8000 vers). Dans ce roman d’amour, roman philosophique, hymne à la nature, deux jeunes, Jocelyn et Laurence, se cachent des révolutionnaires (on est alors en 1793). Séparés, Jocelyn devient prêtre, renonçant par devoir à son amour pour Laurence. En 1802, il retrouve par hasard Laurence mourante et l’accompagne jusqu’à la fin.
Que des parents aient voulu prénommer leur enfant avec de telles références n’est pas étonnant. On en trouve confirmation à la sortie d’un deuxième film sur le même thème en 1952, avec Jean Desailly et Simone Valère dans les rôles de Jocelyn et Laurence. Le prénom Jocelyn connaîtra un véritable engouement dans les quinze années suivantes.

Le site https://www.notrefamille.com/ donne des graphiques de fréquence d’attribution de nombreux prénoms pour le XXe siècle et début XXIe.
Pour le prénom Jocelyn, il en inscrit 3 en 1921 et 3 en 1923, 0 en 1922.

3 en 1923 ? Or, le seul état-civil parisien en enregistrait 43 pour la première quinzaine de janvier 1923 selon le chroniqueur. Et l’on est enclin à le croire. Il n’aurait pas inventé cette poussée de Jocelyn à l’état-civil pour le seul plaisir de faire une chronique de presse. Même s’il a exagéré, il y eut plus de trois naissances portant le prénom de Jocelyn en 1922 et 1923 en France.

Trente ans après sa chronique, Henry de Forge trouve confirmation de l’influence du cinéma sur les prénoms attribués après la sortie du film de Jacques de Casembroot, et avec le même sujet. Cette fois-ci, il y a bien concordance entre le graphique du site notre famille et l’assertion de la chronique de la Dépêche le 18 janvier 1923.

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