La Dépêche Républicaine de Franche Comté du 25 mai au 2 juin 1922

Susciter l’attention, la curiosité avec la recherche d’une énigme, voilà une façon de faire publicitaire qui peut nous paraître familière aujourd’hui, car la publicité a déjà tout pratiqué.
Celle-ci demeure intrigante car elle apparaît dans l’édition du 25 mai 1922 de la Dépêche Républicaine, puis on la retrouve chaque jour jusqu’au 30 mai avant de disparaitre le 31.


Elle réapparaît le 1er juin ↑ avec des indices et l’on se dit que la révélation est proche.
C’est le lendemain 2 juin que le journal donne la solution en annonçant son nouveau feuilleton : Les Frères de la Côte, paru pour la première fois en 1844 dans le journal le Siècle avec pour titre les Pêcheurs de perles.

L’auteur, Emmanuel Gonzalès (1815-1887) fut un écrivain célèbre au XIXe siècle. Il est ici caricaturé par Nadar dont l’atelier de photographie fit aussi des tirages. Nadar dessina quelques autres caricatures de cet homme, elles aussi visibles sur Gallica.
Gonzalès était apprécié par Zola et particulièrement son feuilleton Les Frères de la Côte.
Avec Balzac, entre autres, il fut un des fondateurs de la société des Gens de Lettres en 1838.
Le blog Gallica retrace un portrait de cet auteur désormais mal connu. On y apprend que ses deux filles furent artistes peintres. L’une Eva servit de modèle à Manet et permit à son père de faire la connaissance de Zola.

Le roman, Les Frères de la Côte, est en ligne sur Gallica dans une version illustrée de lecture plus aisée que dans la Dépêche Républicaine en ligne sur memoirevive.besancon.fr.
Il immortalise la flibuste des Caraïbes contre les riches navires espagnols.

Pour en revenir à la publicité, elle émanait donc de l’éditeur du journal lui-même. Une façon habile de retenir le lecteur. Au début des années 1980, l’agence Avenir, sur une affiche, eut l’audace de son époque en faisant dire à une mannequin en bikini « demain, j’enlève le haut », puis « demain, j’enlève le bas ». La Dépêche Républicaine, soixante ans avant avait éveillé l’attention sans aguicher. Le sérieux de ce journal d’opinion ne le permettait pas, ce n’était pas la Vie Parisienne ou le Journal Amusant.