Le Petit Comtois du 01/12/1920
Les Monuments aux Morts n’ont pas toujours fait l’unanimité parmi les autorités et les habitants des communes où ils furent érigés et il est un autre point qui posa problème dans certaines communes : le rapatriements des corps.
Le transfert des corps de soldats morts pour la France, autorisé par la loi du 31 juillet 1920, concernait les militaires tués à l’ennemi et enterrés jusque là dans des cimetières provisoires proches des lieux de combat.
Dès le temps de guerre et immédiatement après l’armistice, il y eut quelques familles qui demandèrent l’autorisation de rapatrier au sein de leur commune, parfois dans un caveau familial, le corps d’un père ou d’un fils. Il n’y eut pas d’autorisation officielle, mais certaines familles n’attendirent pas la loi de juillet 1920 et d’une façon illégale, mais avec de l’entregent, parvinrent à leurs fins.
Mais la plupart attendirent et en 1920 elles purent agir dans le respect de la loi. Un grand nombre accepta de laisser leur parent dans les cimetières nationaux établis près des lignes de front.
Pour ceux qui choisirent le rapatriement, il y avait la volonté de procéder à de véritables obsèques avec présence du corps du défunt. Et puis la proximité facilitait le deuil sur le long terme par des visites sur la tombe.
C’est pourquoi l’on trouve dans les journaux locaux des avis d’obsèques pour ces hommes qui n’avaient pas encore eu d’enterrement en présence de leur famille et des proches.
Quelques exemples ont été twités récemment : à Besançon celui du sous-lieutenant Maurice Paul Delitot.
Avis de décès du sous-lieutenant Maurice Delitot de #Besançon pour des obsèques le 20 novembre 1920. Après exhumation et restitution à la famille #1J1P #1GM pic.twitter.com/Ia5C1cYwXA
— Bernard Jacquet (@Balkan45) November 20, 2020
Les frères Georges et Isidore Decreuse le 7 novembre à Montrond (Doubs). Tous deux avaient eu droit à un avis de décès et de messe à l’annonce de leur mort en 1915 et 1916, mais les obsèques en présence des corps se firent le 8 novembre 1920.
Deux frères enterrés à Montrond (Doubs) le lundi 8 novembre 1920, Les DECREUSE, certainement après exhumation et restitution gratuite à la charge de l’Etat comme le prévoyait la loi du 31 juillet 1920 #1J1P #1GM pic.twitter.com/i1n1frPST4
— Bernard Jacquet (@Balkan45) November 8, 2020
#1J1P DECREUSE Georges, de Montrond, #Doubs, du 8e Groupe Cycliste, tué dans la #Marne à 20 ans… pic.twitter.com/BIwHVn6U3Q
— Bernard Jacquet (@Balkan45) August 27, 2015
#1J1P DECREUSE Isidore, médecin auxiliaire au 47e BCP (ou BCA?), tué à l’Hartmannswillerkopf le 3 janvier 1916 pic.twitter.com/B0yu0hVCWw
— Bernard Jacquet (@Balkan45) January 3, 2016

Dans certaines communes, des familles rencontrèrent des difficultés avec des mairies. Elles devaient obtenir un document d’acceptation par l’autorité locale, précisant que le cimetière était en fait et en droit en état de recevoir le corps.
Devant les réticences de certains élus, le ministre de l’Intérieur avertit les préfets d’utiliser la fermeté à leur égard. Aux maires et conseils municipaux de prévoir l’agrandissement parfois nécessaire des espaces devant accueillir ces sépultures.
Le ministre était ferme car on avait laissé un délai de seulement trois mois aux familles pour demander le transfert. Il n’était pas question que des parents de soldats morts pour la France subissent la mauvaise volonté de certains maires et ne puissent profiter des facilités de transfert alors offertes.
L’Etat prit aussi à sa charge les plaques nominatives fixées sur les cercueils à transférer. Une adjudication pour 100 000 plaques selon un cahier des charges strict fur lancée pour les sociétés intéressées par cette fourniture publique.