Quelques éditions des journaux de Besançon du 3 au 12 avril
Dans ce blog, le général Foch a fait l’objet d’un court billet à propos d’une édition du Petit Comtois du 15 janvier 1914, donc avant la Grande Guerre. Il y était souligné l’adhésion de Foch au principe de l’offensive à outrance. C’est, en partie, ce qui amène des officiers à régler des comptes ou dénoncer des décisions ayant conduit à l’échec français d’août-septembre 1914.


L’édition du Petit Comtois du 05 avril reprend le contenu d’un livre du général Percin, Les Erreurs du haut-commandement, paru en 1919, et un article du général Mangin dans la Revue des Deux Mondes. Tous deux esquintent Joffre plus que Foch pour avoir adopté le plan XVII (voir plus bas) comme base stratégique face à une attaque allemande. Ne pas avoir prévu l’avancée allemande sur l’Ouest belge, par Anvers et la descente sur Lille leur paraît une cause essentielle de l’invasion réussie par l’ennemi.
L’édition du Petit Comtois du 12/04/1920 traite à nouveau de la bataille des frontières, celle qui fut perdue par les armées belge, française et anglaise du 3 août au 5 septembre 1914. Une tribune de la rédaction fait encore une forme de recension d’un ouvrage sur les responsabilités du haut-commandement sur l’invasion allemande d’août 1914.

Il s’agit de l’ouvrage de Victor Margueritte, Au Bord du Gouffre, paru en 1919. L’auteur sera plus connu pour son roman, la Garçonne, qui paraîtra en 1922 et provoquera un scandale. Ici, il se fait historien et analyste. Il dénonce la stratégie et les plans de l’état-major d’avant- guerre et la gestion de l’attaque allemande par la Belgique. Il rejoint le général Percin pour son opinion négative de la stratégie du Plan XVII, mais il encense le réalisme de Joffre et les initiatives de Gallieni ou de Sarrail à Verdun et, évidemment le sursaut de la Marne.

L’Éclair Comtois du 3 avril avait déjà repris l’analyse faite par le général Mangin dans « la Revue des Deux Mondes ». Le 12 avril, ce journal catholique ne peut s’empêcher de tomber dans ses travers habituels du cléricalisme en valorisant le point de vue du colonel Romain pour qui les causes de l’échec français de 1914 sont à attribuer à des généraux républicains, parce que élevés à leur grade par favoritisme et non par compétence : la République comme cause de l’échec français, voilà ce qu’argumentait les impénitents royalistes..
Certes, il est vrai que Joseph Joffre est devenu chef d’état-major en 1911 grâce à son appartenance maçonnique et à son anticléricalisme bien plus qu’à ses vertus de stratège. Son Plan XVII prévoyant une guerre avec l’Allemagne va prendre la place du précédent. Celui-là privilégiait une stratégie défensive et préconisait l’utilisation de toutes les réserves pour tenir la frontière de la Suisse à la mer du Nord. Assurément, a posteriori, il paraissait plus adapté face au Plan Schlieffen et à l’attaque par la Belgique toute entière. Celui de Joffre envisageait une offensive en Lorraine et en Alsace avec juste ce qu’il faut de troupes pour couvrir la frontière avec la Belgique dans sa partie ouest, sans recours à la réserve.
On pourrait donc donner raison à l’Éclair Comtois, mais l’état-major ne se limitait pas à Joffre et celui-ci avait la possibilité d’adapter la réaction franco-anglaise quand les Belges ralentirent les Allemands. Enfin, la bataille victorieuse de la Marne fit oublier l’échec précédent. Il n’empêche que de véritables règlements de compte entre généraux et responsables politiques se firent par écrit quelques temps après la guerre. Cela se poursuivit et en 1929, Foch et Clemenceau bataillaient encore. Pourtant Foch avait toujours eu le soutien de Clemenceau et il l’eut jusqu’au bout. Sauf en 1929 quand, dans un ouvrage posthume Foch (mort en mars 1929) reprochait au Tigre de n’avoir pas annexé la Rhénanie. Cela lui vaudra une remarquable réplique du Père la Victoire dans Grandeurs et misères d’une victoire.
Ces études sur la guerre parue peu après, par des officiers qui furent impliqués, ressemblent souvent à une réécriture de l’histoire, une uchronie, fondée sur des regrets, sur des si…