Désaccords à propos du monument aux morts de Besançon

Petit Comtois et Éclair Comtois de la mi-mars 1920

Mémoirevive, qui met en valeur les ressources de la Bibliothèque d’Étude  et de Conservation de Besançon, a déjà présenté l’historique du monument aux morts de la ville. Un À la loupe de 2015 permet sa découverte  et tout est dit sur l’emplacement, la construction, la description et les inaugurations.
Ce billet veut seulement mettre en évidence les tensions, contestations et désaccords qui se sont développés pendant les cinq années entre le projet et l’inauguration du 1er décembre 1924.

En février 1920, des artistes locaux avaient déjà manifesté leur mécontentement de ne pas être associés à l’élaboration de cette œuvre. La conception, confiée à l’architecte Maurice Boutterin, une personnalité de la ville, ne provoquait pas de discussion.

Mais le choix du seul Paul Casq pour les sculptures en énerva certains. Grand prix de Rome, comme Boutterin,  et déjà expérimenté par sa participation au monument de Dijon – les Bisontins les plus chauvins verront là une raison suffisante pour l’agacement de ces artistes –, l’exclusivité de son choix ne plût pas à des sculpteurs bisontins. Et finalement, Georges Laithier et Albert Pasche furent aussi retenus et  purent se distinguer par la sculpture des statues de deux poilus, l’un du départ de 1914 et l’autre de 1918.

En 1920, la principale controverse commença en mars. Elle trouva sa source dans le cléricalisme et le catholicisme exacerbés de quelques personnes. Ces dissensions se manifestèrent autour d’un projet pourtant rassembleur, celui d’une vente de charité pour financer le monument. Poussé par quelques catholiques intransigeants, l’archevêque fit savoir qu’il n’invitait pas ceux-ci à y participer.

La position de Mgr Humbrecht pouvait être lue dans l’Eclair Comtois comme dans le Petit Comtois, mais ce dernier y ajoutait un commentaire critique. Mgr Humbrecht déplorait l’absence d’une croix sur le monument et trouvait là un motif suffisant pour ne pas associer les catholiques à la vente de charité pour subventionner le monument.

La version explicative du Petit Comtois  lui valut une réponse du rédacteur en chef de l’Éclair Comtois dès le lendemain. Et celui-ci accusa les francs-maçons de refuser la présence d’une croix sur le monument au prétexte qu’il y avait des musulmans et des juifs concernés aussi par cet édifice. Remarquons la volonté du rédacteur en chef de ce journal à ne pas poursuivre cette rixe, conscient de la maladresse de certains soutiens de l’archevêché.

Au moment de son inauguration, quatre ans après, l’Éclair Comtois revint sur un autre point de désaccord qui portait sur l’emplacement du monument aux morts. Des propositions avaient été faites pour la place Flore ou Chamars avant de retenir l’esplanade au-dessous de la gare Viotte dominant la ville. A la lecture de ces quelques lignes, on comprend le reproche fait à la municipalité de permettre des constructions au devant du monument, cachant alors le panorama sur la vieille ville.

De même la publicité pour la bière Gangloff, dont l’usine était en contrebas pouvait-elle distraire le regard. (cf. illustration ci-dessous)

Ce monument aux morts fut déplacé et totalement modifié en 2012-2013 pour permettre les travaux du tramway. Je n’ai pas souvenir de dissensions qui se seraient développées alors, mais il y en eut probablement.

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