L’Éclair Comtois du 19 février 1920
Cet épisode éditorial de l’Homme Libre illustre l’importance de l’agitation sociale et politique qui marqua, entre autres, la presse française en 1919-1920.

C’est l’Éclair Comtois qui en informait ses lecteurs. Information intentionnelle pour déprécier les typographes militants d’extrême gauche.
A la fin de l’année 1919, la presse parisienne avait dû faire face à un conflit de trois semaines sans aucune édition, sinon celle d’un journal voulu par les patrons, la Presse de Paris, qui se contenta de livrer des informations sans commentaires et sans opinion.

En février 1920, le conflit était achevé, mais la tension entre certains ouvriers et patrons persistait. Des typographes de L’Homme Libre marquèrent leur désaccord en censurant leur propre journal. Jusqu’en décembre 1919, la bannière du quotidien faisait référence à son fondateur, Clemenceau. Mais ce n’était plus le cas à dater du 28 décembre 1919. Faut-il y voir une explication ? La direction revenait alors à Eugène Lautier, venant du Figaro, proche des milieux d’affaires, il était hostile aux révolutionnaires de la SFIO.
Il faut rapporter ces conflits à un contexte de grèves fréquentes dans de nombreux secteurs et, même si les initiatives étaient locales, l’on peut rappeler l’existence d’une Internationale communiste (Komintern sous la coupe des communistes russes) qui poussait les révolutionnaires à ce type d’action. La révolution russe tournait petit à petit à l’avantage des Bolcheviques et des grèves insurrectionnelles se développaient dans plusieurs pays d’Europe occidentale, particulièrement en Italie. La France fut moins concernée, mais on peut rattacher ces épisodes conflictuels à la volonté de socialistes et syndicalistes de créer un climat révolutionnaire.
Ce refus des typographes d’imprimer « la Note du Jour » à l’Homme Libre, est donc en lien avec cette agitation générale.