La presse locale reprend l’édition de dessins de propagande

Éclair Comtois et Dépêche Républicaine avril mai 1918                                            

Depuis mars-avril 1918, l’Éclair Comtois reprend la publication, en une, d’un dessin humoristique de propagande selon un rythme à peu près hebdomadaire.

La rédaction avait interrompu ce type d’illustration dans le courant 1915. Pourquoi ? Un manque de place alors que les éditions passaient durablement de quatre à deux pages  du fait de la pénurie de papier? Une technique d’impression  peut-être moins maîtrisée par un personnel  remplaçant celui qui combattait ? En fait, une volonté de réduire les coûts semble être la cause principale.
Au printemps 1918, la hausse du prix des journaux à l’unité (de 5 à 10 centimes depuis septembre 1917) comme des abonnements que les éditeurs furent obligés d’augmenter au début de l’année, donnaient un peu plus de trésorerie aux journaux.

Un des premiers dessins concerna les États-Unis (publié dans ce blog le 29 mars) et il montrait son efficacité démonstrative au moment où le Petit Comtois  publiait quatre unes sur la puissance et l‘aide américaines.

S’il n’y avait anachronisme, le dessin des « deux mères de l’Alsace-Lorraine » (cf. ci-dessus), publié le 10 mai, nous permettrait une référence directe à King Kong, mais le film est de 1933. Pourtant, le gorille monstrueux qui kidnappe les jeunes filles, ou fillettes dans le cas présent, Alsace et Lorraine, nous y fait penser. Elles sont effrayées par le monstre et l’Alsace tend ses bras vers la France pour être délivrée. Nul doute cependant que certains Alsaciens-lorrains eurent des sentiments bienveillants envers l’Allemagne annexante, comme en eut Dwan pour King Kong (l’actrice Fay Wray).

Cette représentation du gorille enlevant une femme (ici des enfants) fut répandue à partir de la sculpture d’Emmanuel Fremiet (1887) dont des copies circulaient aux États-Unis. D’où cette affiche américaine de 1917 pour pousser les « boys » à s’enrôler (« Détruisez cette  brute folle, engagez-vous ! ») où le gorille est assurément l’Allemagne.

 

 

 

Le dessin du 20 avril, continuait dans la même verve propagandiste sur la barbarie allemande. Il montre des victimes civiles de Paris, évidemment femme et enfant pour accentuer leur innocence, mortes ou souffrantes des coups des canons à longue portée de Krupp qui ont commencé à frapper la capitale le 23 mars.

La  citation de Guillaume II félicitant Krupp pour ce terrible canon devient un commentaire ironique et cinglant tant vis-à-vis du sidérurgiste allemand que de l’empereur ennemi.

La Dépêche Républicaine de Franche-Comté, autre journal de Besançon, reprit aussi l’usage d’illustrations en ce printemps 1918.

Celle du 2 juin honore les Américains et le lien étroit entre France et États-Unis depuis Lafayette.
Le dessin est plus mièvre que ceux publiés par l’Eclair Comtois.
Le 9 juin, un dessin traitait de la question alsacienne. On y voit un instituteur allemand voulant démontrer à un enfant la germanité alsacienne en lui disant : « il y a 47 ans que l’Alsace est redevenue allemande, donc tu es Allemand! »
À quoi répond l’enfant alsacien qui tient une cage : «  de sorte que si je mets un oiseau dans cette cage, il deviendra allemand?« .
Le 15 août, c’est encore l’Alsace qui inspire l’illustrateur et toujours avec cette représentation terrible de l’Allemand occupant.

Mais la presse locale ne cherchait pas à distraire ou endoctriner par des dessins plus ou moins humoristiques, elle s’en tenait d’abord à l’écrit imprimé.
Ainsi, le Petit Comtois se distingue de ses deux concurrents en ne reprenant pas les illustrations, ni photo, ni dessin… Il laisse aux lecteurs la possibilité de se tourner vers des publications spécialisées. La Baïonnette, par exemple, adoptait l’humour plus ou moins grivois, en tous cas très français et parisien, en faisant la part belle aux cocottes ou demi-mondaines. Le 4 avril, elle publiait ce dessin en faisant un jeu de mot en rapport avec la pénurie de pétrole, et en se moquant des bourgeoises tout en riant des restrictions.

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