L’Album Zislin. Dessins de guerre

L’Éclair Comtois du 11 mars 1918 @dominik_Richert

Ce dessinateur alsacien, Henri ZISLIN (1875-1958), apprécié des Comtois, comme voisin et parce qu’il fuit l’Alsace allemande, fit plusieurs passages à Besançon. Nous soulignions déjà, dans un billet en rapport avec le Petit Comtois du 11 août 1914, combien ce mulhousien aurait mérité une réputation comparable à son compatriote Hansi, non pas pour la qualité de ses dessins, mais pour leur puissance critique à l’égard de l’Allemagne et leur attachement à son Alsace natale.
– Sur Hansi, lire billets pour le 24 mai 1914 et pour le 18 juillet 1914

Parus en décembre 1916, chez Berger-Levrault, ces quatre fascicules sont en ligne sur Gallica bnf et l’on peut y trouver la force critique et propagandiste de ces images contre l’Allemagne et en faveur de l’Alsace.

L’Eclair Comtois en fait une courte recension (cf. ci-dessus) se satisfaisant des dessins anti-boches, mais ne parlant pas de la place occupée par l’Alsace elle-même dans ces ouvrages. Il est vrai que l’empereur Guillaume II et le Kronprinz y sont particulièrement caricaturés et chargés de toute la responsabilité de ce conflit meurtrier. Leur Weltpolitik apparaît à travers le rêve brisé d’un Orient sous influence allemande. Plusieurs dessins se moquent aussi des soldats et de la population allemande, mais Zislin ne les attaque pas en tant que tels et les présente plutôt comme des victimes, en particulier des restrictions alimentaires.

L’Alsace  tenant une place privilégiée dans cette œuvre. Le fascicule 4 commence par une imitation de chemin de croix avec douze stations retraçant les souffrances de la province (à la place du Christ) livrée, soumise à la dictature,  pendue, sacrifiée, suppliciée, mise au tombeau et ressuscitée avec son retour à la France . L’auteur dessine son martyr, sa résistance et ses aspirations françaises.

Il prend soin de souligner des détails que les gens du Nord Franche-Comté devaient bien comprendre, eux qui voisinent le Sundgau.
Dans le fascicule 3, on trouve cette scène où des paysans du Sundgau, assez pauvres, envient leur cousins de Mulhouse,  alors plus prospères avant 1914. Mais un second dessin, après-guerre, montre la misère causée par les pénuries dans l’Alsace restée allemande durant le conflit et la prospérité retrouvée avant la fin de la guerre par les paysans du Sundgau alors sous autorité française dans certains villages reconquis en août 1914.
Propagande, bien sûr, mais l’on pense à Dominique RICHERT dans ses Cahiers d’un survivant, dont la famille de Saint-Ulrich, occupé/libéré par les Français depuis août 1914, n’était plus joignable pour lui qui combattait dans l’armée allemande.

Et le dessin ci-contre « les pères et les fils », tout de propagande également, colle à la situation de Dominique Richert. Les enfants de son village jouaient peut-être aux soldats avec un drapeau français comme le haut de l’image le montre (quoique la proximité du front devait les en dissuader). Alors que Richert, comme d’autres Alsaciens, souffrait dans l’armée allemande.

Evidemment Zislin, par parti-pris, suggère que tous les enfants d’Alsace rêvent de combattre pour la France.

Ses dessins fournissent des stéréotypes sur les Alsaciens et sur les Allemands mais, en France, ils plaisaient en ce temps de guerre et, en 1918, quand le retour de l’Alsace à la France semblait de plus en plus acquis, ils prenaient tout leur sens.

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