Le Petit Comtois du 10 décembre 1917
La révolution d’octobre inquiétait les alliés de la Russie en raison du risque de paix séparée avec l’Allemagne, et d’autres incertitudes s’annonçaient.
L’Agence Havas, citée par le Petit Comtois, reprenait des informations collectées dans la presse anglaise : les Bolcheviks ne se sentaient pas obligés par les emprunts contractés par la Russie tsariste.
L’Agence informait, mais voulait aussi rassurer en rappelant les exigences du gouvernement français dans ce domaine et en affirmant que les échéances du mois suivant (janvier 1918) seraient honorées. Mais la panique s’emparait dès lors des épargnants qui avaient placé leurs fonds dans ces obligations d’État qui leur paraissaient si sûres.
Ces fameux emprunts commencèrent dès 1867, mais c’est après l’alliance franco-russe (1892) qu’ils prirent une importance considérable pour des Français. L’État français encouragea les épargnants à souscrire à ces obligations qui permettaient à l’État russe de financer la construction de chemins de fer (transsibérien entre-autres), l’industrialisation et l’armement de ce pays alors en plein décollage économique.
Les journaux et les banques s’engagèrent avantageusement dans cette affaire et les souscripteurs furent légion. Aussi, ce genre d’annonce fin 1917 contribuait à terrasser l’épargnant dont les ressources dépendaient en partie ou largement des intérêts et du capital qu’on lui devait.
Ce qui n’était encore qu’une annonce au conditionnel début décembre allait devenir une réalité le 27 de ce même mois : par un décret, le gouvernement bolchevvik répudiait toutes ses dettes.
La rente victime de la guerre : pour ceux qui disposaient d’une rente en biens immobiliers et/ou fonciers, le moratoire sur les loyers et l’inflation grignotaient les gains. Pour ceux dont la rente était attachée à des obligations, la hausse des prix en détériorait le rendement et ceux qui possédaient de l’emprunt russe allaient tout perdre, intérêts et capital.
Aujourd’hui, des descendants de détenteurs de titres russes agissent encore pour retrouver leurs avoirs. L’État russe estime avoir soldé son dû en 1997.