Le Petit Comtois du 7 septembre 1917 (les 3 premiers extraits) et 5 octobre.
Éclair Comtois du 19 octobre.
Plusieurs billets ont présenté jusqu’ici les alertes, bombardements et survols par l’ennemi allemand au-dessus de Besançon.
D’autres articles de ce blog ont abordé le sujet de la guerre aérienne à Belfort :
– Taubes et Aviatiks au-dessus de Belfort
– L’escadrille de Belfort abat un Drachen
Et on a déjà souligné la différence d’intensité entre ce que connaissaient les Belfortains et les Bisontins en matière d’alertes aériennes.
Les exemples suivants extraits par le Petit Comtois du journal belfortain la Frontière – ce journal était, comme son confrère, radical-socialiste – montraient aux lecteurs du Doubs, et particulièrement de Besançon, ce qu’enduraient les voisins Comtois du Nord de la région.
Les nuits où la lune éclaire de sa lumière blafarde auraient pu être des temps de repos ou de contemplation du ciel étoilé par les insomniaques et les apprentis astronomes, mais elles s’étoilaient d’autres éclats quand l’ennemi venait bombarder la ville.
Le journal note des attaques pour le 3 septembre à minuit, à minuit et demi, à une heure et demie, à deux heures et demie. A 3 heures du matin, sonne la berloque. Est-ce pour autant terminé? Oui pour cette nuit, mais les avions ennemis réapparaissent dès le jour venu jusqu’à 14 heures 30. Et ils recommencent la nuit suivante sans arrêt de 11 h 15 à 2 h et demie. Le journal ne parle pas de blessés ou de morts, mais il signale bien les bombardements, les incendies et surtout, le bruit répété des sirènes, celui incessant des canons de DCA, des mitrailleuses, des explosions, « un concert infernal, un vacarme comme jamais on n’en entendit à Belfort »
Et cela se répéta moins d’un mois après, avec la même succession d’alertes de nuit par temps clair, de bombardements, de tirs de défense, le 30 septembre, le 1er octobre, le 2 et encore le 3.
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Les nerfs des Belfortains étaient soumis à rude épreuve, surtout que les alertes de nuit, par le réveil provoqué, éprouvaient la résistance physique autant que mentale.
Le jeudi matin 18 octobre, les habitants passèrent de la frayeur au contentement quand un avion allemand abattu s’écrasa en pleine ville, rue du Rhône. Ce fut comme un exorcisme populaire avec ses excès caractéristiques. La population se rua sur les lieux, arracha des morceaux de toile ou des pièces de l’appareil et se montra implacable vis à vis des pilotes dont l’un n’était pourtant pas encore mort.
L’Éclair Comtois du 19 octobre, en page 2, rendit compte de l’événement en ces termes. →
D’après Louis Herbelin (cote AD du Territoire de Belfort, 5 J Ms 22 transmise par Eric MANSUY), « l’avion aurait été atteint par un avion français […] qui le poursuivait et dont le pilote, un lieutenant, descendu aussitôt, était présent » sur les lieux de la chute peu après. Il ajoute : « Coïncidence curieuse, c’était justement dans la propriété du commandant Schmitt, tué sur le front, que devait être descendu le premier avion ennemi tombé à Belfort. »
Le lendemain, les restes de l’appareil étaient exposés sur la Place d’Armes. L’Éclair Comtois signalait alors, les obsèques du pilote allemand mort à l’hôpital des suites de ses blessures.
Le Petit Comtois pouvait bien terminer son compte-rendu des attaques allemandes par le signalement de contre-attaques aériennes et par la formule « Belfort est bien gardé », on n’en avait pas moins la certitude des risques encourus.
Quant au lecteur de Besançon, il pouvait s’estimer heureux de n’avoir que quelques alertes, souvent suivies d’aucune attaque, ni même d’un survol quand il apprenait combien certaines nuits belfortaines pouvaient être agitées et dangereuses.