Les bonbons empoisonnés.

Sources : quelques extraits de journaux locaux et rapport officiel de la Préfecture du Doubs du 26 mai 1917 recueilli par Eric MANSUY

L’affaire concerna d’abord Valentigney dans le Doubs, puis tout le Pays de Montbéliard d’avril à juin, mais elle eut aussi quelques échos à Besançon au moins au niveau des autorités.
Le bruit courait depuis 1916 de l’existence d’empoisonnements par des bonbons toxiques répandus par l’ennemi par largage aérien.

La presse n’en parlait guère, mais curieusement,  la Dépêche Républicaine du 24 mai évoquait des bonbons empoisonnés, jetés par des aéroplanes,  en Italie du Nord (cf. infra). Elle affirma qu’ils étaient chargés de bacilles du choléra.
Était-ce une façon indirecte d’avertir ses lecteurs pour qu’ils soient vigilants si des bonbons étaient trouvés en Franche-Comté?

Cette histoire de bonbons empoisonnés  concernait donc d’autres pays en guerre, en tous cas les régions qui étaient dans le rayon d’action des aéroplanes et cela relevait autant de la propagande anti-allemande que de la rumeur. Celle-ci avait déjà grandi en 1914 à propos des produits Maggi qui auraient pu, eux aussi, être empoisonnés.
La rumeur ne s’écroula pas, mais les autorités surent qu’elle était infondée. Le rapport adressé au Préfet du Doubs, le 26 mai 1917 en atteste ; Les analyses des friandises ne décelaient aucun principe dangereux.

En juin, on continua à craindre ce genre d’action perverse et le Petit Comtois cita une alerte faite à Fesches-le-Châtel, encore au Nord du département du Doubs.

L’affaire était prise au sérieux et la préfecture avait préparé des recommandations de vigilance dès mars afin de communiquer (cf; ci-dessous ↓).
La presse, certainement sur consignes officielles, préféra les taire pour éviter la psychose. En tous cas, on ne trouve pas d’article y faisant référence pendant l’été 1917. Toutefois, l’Éclair Comtois du 4 août avertit ses lecteurs de se méfier de chocolats dangereux comme il en aurait été trouvé en Saône-et-Loire, contenant un dard empoisonné. Et, évidemment, le journal y voit la main boche.

En juillet et en octobre, on eut encore des comptes-rendus de laboratoire dans l’analyse de bonbons suspects.

Le compte-rendu d’analyse du 26 octobre conclut, à propos d’un bonbon présumé lancé par un avion allemand sur Besançon : « il n’a été décelé dans le produit envoyé aucun microbe pathogène ni toxique ». (cf. ci-dessous)
Et pourtant, pour maintenir la vigilance, on prétendait que d’autres objets pouvaient être dangereux comme des sacs à main,  portefeuilles ou crayons de couleur explosifs.

Le GQG a même fait circuler une note destinée aux armées pour les avertir que des bonbons avaient été jetés par des avions allemands dans les lignes anglaises. La note mettait en garde militaires et civils sur le risque éventuel qu’il y avait à les consommer.

La rumeur approche
L’écho la redit.
C’est comme la cloche
D’un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantôt s’écroule
Et tantôt grandit.

Victor HUGO. Djinns.
Les Orientales

Publicité

Un commentaire sur “Les bonbons empoisonnés.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s