Appel au boycott du chocolat Suchard

L’Éclair Comtois du 22 mai 1917

La critique et le boycott de produits allemands, même fabriqués en France,  ont été virulents durant l’été 1914. Un billet du 27 janvier 1915 présentait le cas des produits Maggy.

Mais d’autres produits ont été affectés par le conflit et l’Éclair Comtois signale le retour sur le marché français de la marque Suchard. Il devait en être de même pour Milka, contraction et fusion de deux mots allemands, Milch und Kakao car cette autre marque de Suchard existait depuis 1901. Et, seule concession faite à l’entreprise, le journal admet l’excellente qualité des produits.

L’Éclair Comtois, qui adoptait les méthodes de l’Action Française, journal adulé par son rédacteur en chef, Louis Hosotte, récidive dans son hostilité à tout ce qui se rapporte un tant soit peu à l’Allemagne. Et, en ce mois de mai 1917, ce sont  les produits SUCHARD  qui sont victimes des attaques du journal. Nul doute que le rédacteur ait pu lire le Bulletin de la Ligue antiallemande qui avait déjà affirmé que Suchard était emboché en raison de la nationalité de Karl Russ.

Si l’entreprise est suisse, de Neuchâtel, l’Éclair Comtois insiste sur un Allemand, Karl Russ, époux d’une fille du fondateur de la marque, Philippe Suchard. De même, il prend soin de signaler l’existence de deux usines en Allemagne et en Autriche à côté de deux autres en France (à Paris) et en Suisse afin de rattacher absolument cette firme à l’ennemi  allemand qui devient même  prussien en l’occurrence car l’Est prussien de l’Allemagne est détesté plus que l’Allemagne rhénane ou bavaroise.

Les données sur Karl Russ, fournies par le journal, semblent exactes, mais leur interprétation souffre du nationalisme excessif dont fait preuve la rédaction.

La maison Suchard était avant tout une entreprise familiale suisse, même si Karl Russ était bien allemand. Peut-être le directeur d’alors s’est-il montré plus enclin à aider les blessés d’origine allemande  internés en Suisse, mais la vente du chocolat Suchard ne profitait en rien à l’Allemagne.
D’autre part, Karl Russ avait toujours résidé en Suisse, ses deux fils y étaient nés et en avaient la nationalité. Enfin, l’usine Suchard de Paris demeurait la principale source de production et de diffusion des produits en France.

Dès 1909, comme le montre cette publicité pour une carte de France en vignette, la marque flattait la nation française et son drapeau, évidemment à des fins commerciales.

Cet appel au boycott de Suchard illustre encore les excès du nationalisme.

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