Contre la propagande grossière des journaux

Les Petits Comtois des 15 et 18 février 1917

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Alphonse AULARD, grand historien de la Révolution française se livre à une critique de la presse dans le but de conserver dans l’opinion un état d’esprit combatif. 15_02-anti_propagande-2Il critique cette presse qui se livre à une propagande éhontée, écrivant sur l’ennemi  allemand des inepties telles que « nous les grignotons, on les aura quand on voudra, où on voudra, comme on voudra, nous les tenons par les oreilles… »

Aulard sait bien que les paysans n’ont plus la naïveté ou la crédulité d’autrefois (l’ont-ils jamais eue ?) en raison des progrès de l’enseignement, de la lecture de la presse à bon marché ; il pourrait ajouter que le bon sens paysan a toujours été une réalité et que l’intelligence des uns servait toute la communauté paysanne les abritant.

15_02-anti_propagande-3Toujours est-il qu’il admet la méfiance des gens des campagnes – celle des villes y est inhérente comme l’esprit critique, voire rebelle – vis-à-vis de la presse. La chose imprimée, jusque là gravant une vérité comme si le rédacteur et son typographe la détenait, suscite la suspicion.  À trop vouloir pratiquer le bourrage de crâne, on ne trompe plus et l’on provoque le contraire de l’objectif propagandiste : on développe la méfiance, le doute. Et quoi de plus dangereux dans le contexte de guerre si les autorités ne sont plus crues ? Si même les communiqués militaires sont rejetés car non crédibles ?

De fait, l’auteur n’est pas contre la propagande, mais contre ses excès imbéciles et il prône une propagande orale afin d’expliquer et de convaincre.

L’édition du 18/02 donne à nouveau sa tribune à Jules BLUZET. Et l’on y retrouve la même indignation contre les dissimulateurs de la vérité. 15_02-anti_propagande-pc-18_02Dans un langage imagé, il vitupère contre les menteurs responsables de la triste situation économique. Prenant sa situation personnelle en exemple, il insiste sur le problème de l’approvisionnement en charbon, sur 15_02-anti_propagande-pc-18_02-bla difficulté à se chauffer, aggravée par un hiver très rigoureux (il va jusqu’à comparer les températures à Besançon à celle d’Arkangelsk, au Nord de la Russie, au-delà du cercle polaire).

Il insiste sur les difficultés commerciales compliquées par des transports mal gérés. La priorité donnée à l’armée conduit à bloquer des quantités de provisions dans des hangars ou des aires de stockage sans qu’elles puissent atteindre ceux qui en ont besoin.

La presse retrouve de plus en plus son rôle critique et la censure n’intervient pas. Le mensonge propagandiste a été stérile, voire contre productif. Les autorités le comprennent et laissent, dans une certaine mesure, un peu plus de libre expression.  On l’a déjà vu le 30 janvier dans le Petit Comtois.

 

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