Le Petit Comtois du 12 novembre 1916 et l’Éclair Comtois du 13.
Cette mort, le 10 novembre 1916, n’est signalée que par un entrefilet dans le Petit Comtois, mais l’Éclair Comtois développe un article critique sur le personnage. Journal catholique et conservateur qui se veut défenseur de la famille
traditionnelle, il n’a pas supporté l’action législative de NAQUET concernant la liberté des enterrements civils et le divorce.
Naquet agissait dans la période où l’anticléricalisme nourrissait le camp républicain et radical, lui donnait cohésion et perspective en voulant enlever au clergé l’influence politique qu’il détenait.
Le journal reproche aussi à Naquet de s’être battu pour la liberté des enterrements civils en 1873. La loi de 1887 facilita ceux-ci, mais avant, et depuis 1870, d’autres Républicains, plus connus que Naquet, comme Gambetta ou Victor Hugo les avaient défendus. En 1916, la rédaction du journal catholique ne l’a toujours pas admis.
Mais c’est la loi de 1884 sur le divorce qui vaut à Naquet le courroux de l’Éclair Comtois. Alors qu’avec la Restauration, la loi révolutionnaire sur le divorce avait été abrogée en 1816, son rétablissement est perçu comme de l’anticléricalisme par le journal catholique.
La pérennité du clivage de la société autour de ces questions est remarquable.
Le débat d’alors nous ramène au débat récent autour du mariage pour tous. On retrouve les mêmes divergences d’opinions, celles de progressistes voulant faire prendre en considération par la loi une évolution de la société et celle de conservateurs qui ne veulent pas entendre parler de ces changements et surtout pas qu’ils soient pris en compte par la loi.
La morale catholique est évoquée par l’Éclair Comtois comme elle l’est aujourd’hui par la plupart des partisans de la « Manif pour tous ».