Extrait du Journal de médecine et de chirurgie pratiques du 10 novembre 1916 (in Gallica Bnf)
Le Petit Comtois du 21 octobre 1916
Les débats de la Chambre des députés reflètent bien souvent la diversité des opinions du pays. Les élus sont dans leur rôle quand ils s’emparent d’un fait de société. La médecine militaire, alors très sollicitée, fait débat. Cela a été souligné pour les vaccinations.
En ce mois d’octobre 1916, la discussion parlementaire porte sur le traitement de l’obusite, le stress post traumatique dirait-on aujourd’hui, affectant des soldats non blessés physiquement, mais ayant été soumis à de terribles bombardements, aux bruits, aux risques et visions d’horreur les accompagnant. Les Anglo-saxons utilisent l’expression shell shock.
David Doughty a mis en ligne plusieurs photos de traumatisés et de soins.
Ces hommes, gravement malades, étaient plus ou moins soignés car pour beaucoup, ils n’étaient que des simulateurs. Les traumatismes psychiques inspiraient peu la compassion.
En France, le contexte était particulier depuis que le docteur Clovis VINCENT (1879-1947), neurologue, avait pratiqué des traitements avec chocs électriques , le torpillage. L’un de ses patients, un zouave, refusa violemment d’être ainsi soigné. Vincent l’ayant frappé, le zouave se défendit et un procès eut lieu. Le médecin fut désavoué. Il cessa son activité hospitalière pour retourner au front.
À l’Assemblée, on trouve plusieurs députés qui déplorent l’obligation de soins pour ces soldats malades, mais aussi la brutalité du traitement et surtout, pour Paul MEUNIER, la suspicion systématique de simulation à l’encontre de ces hommes. Il y avait donc quelques politiques qui savaient se mettre à la place de ces hommes traumatisés et les comprenaient.
Un autre député, Justin GODART (1871-1956) a un point de vue beaucoup plus dur. Pour lui, la seule chose qui importe est de remettre le plus d’hommes et le plus rapidement possible en état de combattre. Alors responsable du Service de santé militaire, il se soucie d’efficacité, mais son propos abrupt témoigne d’un manque d’empathie. Plus tard, GODARD se montrera plus sensible à de nobles causes, contre le cancer, pour les droits de l’homme et en faveur des Juifs lors de la montée du nazisme et il agira contre Vichy et pour la Résistance.
La guerre permit des progrès multiples, chirurgicaux, orthopédiques… mais aussi neurologiques. L’application pratique de certaines méthodes était discutable plus que les méthodes elles-mêmes. Quant au vocabulaire de la médecine militaire d’alors, on peut dire qu’il est directement en rapport avec la guerre : obusite, torpillage…