Le Petit Comtois du 7 juin 1916
La France approche alors du deuxième anniversaire du début de la Grande Guerre, le 3 août 1914. Et, à cette occasion, les maires de Joncherey et des communes proches où le caporal Jules-André PEUGEOT (1893-1914), premier tué de la guerre, trouva la mort le 2 août, prennent l’initiative d’une souscription pour ériger un monument en son honneur. Ils trouvent l’appui des plus hautes autorités de l’État pour parrainer cette œuvre.
Jules PEUGEOT était Instituteur dans une petite commune du Haut-Doubs, le Pissoux. Il avait été formé dans la même école normale que Louis Pergaud (1882-1915), celle de Besançon, et ses origines modestes en faisait un exemple de réussite républicaine. Ajouté au courage dont il fit preuve le 2 août 1914, ce jeune homme pouvait être un modèle. Un récit sur « le premier sang versé » est accessible sur Gallica. Mais l’initiative de ce monument avait d’autres objectifs et la propagande anti-allemande prédominait. (Ci-dessous, le monument en 1923 Source : Gallica Bnf)
Les souscripteurs de 1916 l’avaient compris ainsi ; en même temps que l’hommage rendu au caporal Peugeot, ils entendaient perpétuer la première violation du droit des gens commise par l’Allemagne dans l’affreuse guerre qu’elle avait déchaînée, Frédéric Mascle, sénateur des Bouches-du-Rhône ; ou encore perpétuer le crime et la barbarie teutonne, Paul Bauregard, député de Paris.
On ne pouvait pas en douter lors d’un rappel à souscription du Petit Comtois du 21 juillet 1916. La glorification de Jules Peugeot passait après le flétrissement des Boches.
C’est pourquoi le monument Peugeot comporte l’inscription pour la liberté et pour le droit gravée sur une colonne. Représentée par une teutonne aux longues tresses, poignardant le soldat Peugeot dans le dos, l’allégorie de la traîtrise allemande est expressive.
En 1940, les Allemands détruisirent ce premier monument. Il rappelait trop la responsabilité allemande dans le déclenchement de la guerre, accusant celle-ci d’avoir même commencé sans déclaration de guerre. L’Allemagne nazie ne pouvait le tolérer.
Le monument actuel, construit en 1959, tel qu’il apparaît sur le site de la commune de Joncherey