Louis RAEMAEKERS, (1869-1956)
Le Petit Comtois du 9 février 1916
Reçu à l’Hôtel de ville de Paris, le 8 février 1916, décoré de la Légion d’Honneur par son collègue dessinateur, Jean-Louis FORAIN, qu’est ce qui pouvait valoir de tels honneurs à un Néerlandais ?
RAEMAEKERS était déjà un dessinateur de grande renommée lorsque la guerre éclata. Horrifié par l’invasion du Luxembourg et surtout de la Belgique et par les atrocités allemandes, il ne tarda pas à caricaturer les responsables allemands et leur action guerrière. Publié aux Pays-Bas dans le journal De Telegraaf sa notoriété grandit vite et il fut rapidement apprécié en France et Angleterre, tant ses positions servaient la cause de l’Entente en amplifiant les fautes allemandes. Le 14 février, RAEMAEKERS était encore à Paris où un dîner de 300 couverts était offert en son honneur.
Le Petit Comtois ci-dessus, nous apprend que le Président du Conseil municipal de Paris (il n y a pas alors de maire) le félicite pour sa capacité à accuser les missionnaires de la Kultur en les tournant en ridicule en trois coups d’un crayon magistral.
Ci-dessous, photo de la réception parisienne du 8 février. RAEMAEKERS est cerclé de rouge. (in Gallica-Bnf)
En ce début 1916, ses dessins sont déjà largement utilisés par les propagandes anglaise et française. Des cartes postales, des illustrations de paquets de cigarettes, des brochures pamphlétaires illustrées et traduites en plusieurs langues diffusent les dessins de l’artiste dans tous les pays de l’Entente et ailleurs. La réputation de Raemaekers devient mondiale. Comme il mettait en difficulté la neutralité hollandaise, il s’était exilé en Angleterre.
La brochure ci-contre non datée, sur Gallica Bnf, permet d’aborder son talent au service de la propagande alliée. Les dessins ci-dessous en sont tous extraits.
L’image de Guillaume II en terrible araignée emprisonnant de grandes villes européennes (Rotterdam, Anvers, Calais, Paris, Nancy, Constantinople, Vienne, Varsovie et Riga) est assez efficace pour résumer les ambitions allemandes sur une grande Europe. c’est un aspect de la Weltpolitik allemande avant guerre et RAEMAEKERS choisit de lui donner cet aspect inquiétant.
Plus violent car plus réaliste, le dessin représentant Hollande, Belgique et Luxembourg écrasés par la botte allemande.
Raemaekers avait été révolté par l’invasion de la Belgique
On retrouve la caricature avec ce dessin de la grosse Bertha (Bertha Krupp était alors la patronne héritière des immenses usines Krupp à Essen) pour évoquer la puissance meurtrière de l’artillerie lourde allemande « à la recherche d’un emplacement favorable pour y bâtir une petite villa… sur plate forme en béton armé. »
C’est dans le même esprit que les capacités d’artillerie allemande sont caricaturées dans cet autre dessin. S’y ajoute la volonté dominatrice du Kaiser qui tient à surpasser ses ennemis.
L’armement moderne, canons et mitrailleuses en particulier firent tant de morts dès le début du conflit que RAEMAEKERS n’hésite pas à imaginer un pacte entre le Kaiser et la mort : « donne moi la domination du monde et je te promets une moisson inespérée. Tu pourras t’en donner à cœur joie !… J’ai des hommes en surnombre. » Cela implique même le peu de respect de l’Empereur pour ses propres hommes. La natalité allemande était particulièrement dynamique, surtout en comparaison de celle de la France, et Raemaekers prête à guillaume II l’idée de puiser dans cette abondante chair à canons.
L’intransigeance et l’inhumanité du même Guillaume II ressortent du dessin ci-contre.
La France, dans sa tentative de maintenir la paix en 1914 n’aurait rencontré ni attention, ni intérêt de la part du Kaiser.
c’est pourquoi, RAEMAEKERS, dès le début de la guerre, est convaincu que la paix ne sera possible qu’après la destruction du pangermanisme, du militarisme prussien. Et il prête cette possibilité à la France représentée en Marianne athlétique et guerrière, terrassant et étranglant l’aigle germanique.
Et l’on retrouvera ce thème dans de nombreux dessins tout au long de la guerre.
Son œuvre, très appréciée au RU et aux EU, a fait de lui un personnage influent durant cette guerre.
À l’occasion du centenaire de la Grande Guerre, un livre a été édité sur Raemaekers à partir de la thèse d’Ariane de Ranitz. Et une exposition itinérante a circulé en 2015 aux Pays-Bas. Voir le site http://louisraemaekers.com/
Les archives municipales du Havre disposent de 80 lithographies de Raemaekers. (cf. ci-dessous)
Plus d’information et quelques centaines de dessins sur le site web. Le livre est disponible en néerlandais et anglais.
J’aimeJ’aime
Merci. J’inscris le lien du site dans mon billet du 9 février.
J’aimeJ’aime
Et merci pour l’article! Je suis en train d’essayer d’effectuer une traduction en Français.
J’aimeJ’aime
Bon travail de traduction !
J’aimeJ’aime