L’Éclair Comtois du 21 octobre 1915
Dans le XIIIe arrondissement, la rue de Tolbiac était bordée d’établissements industriels comme les usines Billant, mécanique de précision, reconverties pendant la guerre dans la fabrication de grenades P1, invention de Billant lui-même.
Le modèle présenté ci-dessous est emprunté au site du Musée de l’Infanterie.
Environ 200 ouvriers et ouvrières travaillaient en deux équipes, nuit et jour. L’édition de l’Éclair Comtois du 22/10 précise la composition de l’équipe au début de l’après-midi du 20 octobre, à l’heure où eut lieu l’explosion.
Les femmes y étaient majoritaires, 74 femmes ou filles pour 21 hommes. L’emploi féminin dans l’industrie est ici bien attesté, mais aussi le travail des enfants de plus de 14 ans avec les 14 fillettes signalées.
La photographie ci-dessous, de l’Agence Meurisse, extraite de Gallica Bnf, montre la force du souffle et l’importance des dégâts et des pertes humaines. Au centre, des hommes portent un brancard sur lequel on devine des morceaux de corps. La presse a signalé les mutilations de la plupart des victimes. Il y eut 39 morts cet après-midi et 50 avec les blessés décédés plus tard.
La cause accidentelle de cette déflagration est imputable à la montée en puissance de la production sans conditions de sécurité suffisante. 5000 grenades pouvaient être fabriquées chaque jour dans des conditions de sécurité normales, mais la production atteignait 30 000 à la demande de l’État-major. Une erreur de manipulation fut fatale.
L’usine Billant montre en partie ce qu’était la guerre totale, avec l’emploi des femmes, la reconversion industrielle dans l’armement, la production intensive. L’essentiel de l’économie était désormais tourné vers l’approvisionnement de l’armée, en uniformes et matériels du quotidien, en nourriture, en moyens de transport et, évidemment, en armes et munitions…