L’hiver dernier, au Musée du Temps de Besançon, une exposition intitulée « Impressions du front » faisait découvrir de nombreux journaux de tranchées issus d’une collection remarquable, celle du Comtois Charles CLERC (1883-1948) dont la ville de Besançon a hérité dès 1945. (cf. ci-dessous, l’annotation au crayon en haut à droite du titre).
Tout a été dit et écrit sur ces journaux depuis que le centenaire de la Grande guerre s’enrichit de multiples productions sur tous les thèmes possibles. La numérisation de la plupart d’entre eux en donne un accès commode et souvent en haute résolution. C’est le cas sur memoirevive.besancon où l’on trouve la collection Clerc. Le catalogue de l’exposition citée ici dresse un excellent panorama analytique de ces « Canards » et autres « Échos ».
L’Écho des marmites du 20 avril 1915
Pour ce billet, l’Écho des Marmites n° 4 a été retenu pour deux raisons. D’abord la date du 20 avril 1915 correspond au thème de ce blog, il y a cent ans. Ensuite la une présente ses confrères et permet de lister quelques-uns des journaux de tranchées existant alors ; d’autres apparaîtront après avril 1915.
Manuscrit, ce journal a une calligraphie impeccable. Avec humour, sa périodicité variable est indiquée par : Seul quotidien périodique.
Avant la présentation de « Nos Confrères », l’édition n°4 donne à lire un texte du chansonnier Fursy. Fursy, Henri Dreyfus, parisien, a exercé dans un cabaret célèbre, le Chat Noir (la chanson d’Aristide Bruand, Je cherche fortune tout autour du Chat Noir, et au clair de la lune, à Montmartre, le soir… était un classique populaire dès 1905. Nul doute qu’elle fut chantée par des poilus).
Dans cet Écho des Marmites,il se moque des boches en discourant sur l’origine du mot.
Le reste de ces deux colonnes fait une présentation des premiers « canards » des tranchées, les confrères.
Les rédacteurs donnent comme première cause de leur succès, le plaisir qu’ils éprouvent à écrire que ce soit de façon humoristique et critique ou poétique et littéraire. Le contenu est souvent simple et abordable pour le soldat qui a été à l’école obligatoire de la République, mais il peut aussi être subtil et rempli de références compréhensibles par quelqu’un d’instruit.
Une énumération permet une découverte sommaire de ces journaux. Les trois premiers étaient donc l’Écho de l’Argonne, le Poilu et l’Écho des Marmites. L’Écho de l’Argonne, comme d’autres de ces journaux a connu des conditions d’impression sommaires avec carbone.
Lorsqu’est cité le Canard poilu, le rédacteur commet une erreur en le présentant comme un supplément illustré du Lapin à plumes alors que c’est l’inverse. Le dessinateur Jeanjean est cité
Dans ce blog, plusieurs billets ont déjà inclu des dessins de Marcel Jeanjean, l’illustrateur de ce journal et de son supplément. (En attendant la campagne terrestre aux Dardanelles __ l’aérostation __ lutte des classes ou fraternité de classes…)
Paul Reboux dirigeait l’Écho des tranchées. Connu avant guerre pour ses imitations littéraires d’Octave Mirebeau, Marcel Proust, Alphonse Daudet et bien d’autres.
Dans le catalogue sur les Journaux de tranchées, jouxtant la première page du n°4 de l’Écho des marmites présenté ci-dessus, des dessins talentueux, en silhouettes, nous font découvrir le monde des tranchées la nuit :
les patrouilleurs chargés de repérer ou de faire des coups de force rapides sur les premières lignes ennemies, les travailleurs se livrant à des aménagements de barbelés en avant des tranchées.
Le guetteur peut paraître gras et enveloppé ; mais il est, en réalité, gonflé par une superposition de vêtements permettant de supporter le froid accru par la station immobile. L’officier de ronde à la moustache relevée se déplace avec un bâton-canne.
Les conducteurs amènent un approvisionnement au volume important dans des charrettes attelées de chevaux. Pour l’accès aux tranchées les plus étroites et les plus proches de l’ennemi, l’ânier assure un transport restreint le plus discrètement possible. L’âne lui permet des déplacements sur un terrain difficile, souvent bouleversé par les canonnades.
Ces dessins peuvent dater de 1915, mais en ce cas, seulement à partir de septembre car les hommes sont équipés de casques Adrian et ceux-ci n’ont été distribués qu’à partir de cette date.