… Comme eux, être discipliné et respecter l’autorité.
Le Petit Comtois du 12 janvier 1915
Louis Lastret se livre, ce mardi 12 janvier, à une critique des comportements français pour pousser à l’imitation des Allemands. Une habile propagande par la provocation.
(Les articles de Louis Lastret font parfois la une du Petit comtois depuis le 22 décembre 1914)
Il commence par déplorer le côté casanier du Français qui ne prend pas soin de s’instruire en allant voir comment font les autres peuples pour mettre en valeur leurs richesses et découvrir leurs savoirs. Il estime alors que l’Allemagne ne s’est pas privée de copier le génie français ou celui d’autres peuples et qu’une partie de sa réussite en découle.
Mais ce qu’il souhaite que les Français prennent comme modèle comportemental en Allemagne concerne deux valeurs typiquement allemandes selon lui : le respect de l’autorité et la discipline.
Il explique alors que les Allemands continuent à être persuadés de la responsabilité des alliés dans le déclenchement de cette guerre et ne mettent pas en doute la bonne foi de leur Empereur et de leurs gouvernants lorsqu’ils prétendent ne pas avoir pris l’initiative de cette guerre.
De plus, le moral du peuple allemand, la conviction de la victoire tiendraient aussi à ce respect des dirigeants qui affirment être dans leur droit et persistent à annoncer une heureuse issue au conflit.
Et la discipline permet aux Allemands d’endurer les pertes humaines, les restrictions alimentaires (le blocus maritime y conduit déjà). La population s’impose des privations, réprime ses plaintes, là où les Français, selon Lastret, se révolteraient, renverseraient le Gouvernement et le régime.
Tout cela a pour but d’encourager les gens à l’endurance. C’est de la propagande habile montrant que l’ennemi tiendra encore longtemps et qu’il faut adopter ses qualités si l’on veut vaincre.
Mais Lastret évite de rappeler que les Allemands ne se battent pas chez eux, que leur territoire est intact, alors que la France a été amputée au nord-est, que les pertes françaises sont, elles aussi, élevées et, malgré cela, la population tient, l’armée résiste bien et le défaitisme ne se développe pas.
Par delà les stéréotypes sur la population allemande, l’auteur fait preuve d’une certaine clairvoyance au final. Il annonce la chute du régime impérial allemand après la défaite de ce pays. Les Allemands se révolteront si les efforts surhumains demandés ne sont pas justifiés par une victoire.
La révolution en Allemagne commencera quelques temps avant l’armistice de novembre 1918.