Le Petit Comtois du 25 décembre 1914
Ayant déjà évoqué l’empathie entre combattants et les fraternisations de Noël 1914 (billet du 17 octobre), le billet de ce 25 décembre 1914 donne à lire ce poème particulier.
Il est de Frédéric Bataille.
Bataille a été instituteur dans le pays de Montbéliard dans les années 1870-1880 avant d’exercer en lycée, à Paris. Membre de la Société des gens de Lettres depuis 1881, il y est surtout connu comme poète. Il a alors une réputation de libre-penseur et de républicain. Ses œuvres sont publiées entre 1873 et 1911. À 55 ans, en 1905, il s’installe à Besançon où il devient un mycologue réputé.
Il a écrit ce poème désabusé en cinq strophes d’alexandrins, et le Petit Comtois le publie ce jour de Noël.
Il y déplore que les valeurs chrétiennes, et surtout celles de Noël, soient bafouées par la violence déchaînée. Les références chrétiennes à Jésus, aux anges, aux carillons des clochers, à l’Évangile, au Dieu de la fraternité peuvent surprendre chez un libre penseur. Mais on le retrouve, incrédule et mécréant, quand il qualifie de « saintes chimères » les Évangiles.
Les quatre premières strophes condamnent la guerre sans distinction de camp, seule la cinquième s’en prend à l’Allemagne précisément, attribuant à ses armées le nom de Sabaoth, que l’on peut interpréter dans ce cas comme armées de Satan..
Il est agréable de ne pas retrouver un poème ultranationaliste comme le journal en a déjà publié, avec ses outrances et ses prétentions sur l’invincibilité des soldats alliés. C’est la guerre qui est condamnée, même si le poète termine en responsabilisant l’Allemagne.