… tendancieuses, mais combien plaisantes dans le contexte de l’époque.
Les Petit Comtois des 30 et 31 octobre 1914
Lors de la réunion publique des cinq Académies (Institut de France), en ce mois d’octobre 1914, les orateurs de chacune d’elles se firent un devoir de répliquer, directement ou non, à Maximilian Harden, un journaliste, polémiste allemand qui s’était permis dans sa revue Zukunft un pamphlet contre le droit et la valeur des traités invoqués par les alliés. Quelques mots peuvent résumer son point de vue : mon droit, c’est ma force […] de quel côté se trouve le droit ? Du côté où se trouve la force.
Et le Petit Comtois prit un malin plaisir à reproduire dans deux éditions le discours de M. Hamolle au nom de l’Académie des beaux-arts, intitulé « les Vierges de l’Acropole ». Celui-ci appuyait son propos sur des statues découvertes en 1886 et qui auraient été détruites par les Perses, lors des guerres médiques au débit du Ve siècle avant JC ,sur l’Erechtheion, temple érigé au sommet de l’Acropole. Évidemment, les barbares perses deviennent, de façon allusive ou directe, les barbares allemands.
L’extrait ci-contre se réfère au militarisme prussien, à l’aristocratie des junkers. Il se garde bien de présenter l’Allemagne rhénane, commerçante, industrieuse et de petite paysannerie, appartenant à la culture de l’Europe de l’Ouest.
Il ajoute aussi une allusion à la Weltpolitik de Guillaume II, cette politique d’expansionnisme mondial. Et, là encore, il n’est pas question de mettre en parallèle l’impérialisme britannique ou français bien établis depuis la fin du XIXe siècle.
Attribuées aux Perses pour l’efficacité de la satire, les exactions allemandes en Belgique et au Nord de la France font l’objet de quelques lignes. Le non respect de la neutralité belge n’est pas oublié.
La tribune du 30 octobre se termine par une longue citation d’Hérodote reprenant un discours qui aurait été tenu par Xerxès et qu’il faut, bien sûr,
mettre dans la bouche de Guillaume II comme en ironise l’auteur. Alors, Athènes devient Paris, et l’île de Peplos l’Angleterre et les ambitions mondiales allemandes deviennent éclatantes.
Dans l’édition du 31 octobre, le récit de M. Hamolle reprend avec la description des Perses (Allemands) en campagne. Pour glorifier le courage des Belges face aux armées teutonnes, il considère que Léonidas et ses spartiates aux Thermopyles sont un modèle comparable, brisant l’élan de l’invasion à l’avantage de la France.
L’assimilation des Grecs antiques, à la civilisation si riche, aux Occidentaux démocrates du XXe siècle (Français, Belges et Anglais en particulier) témoigne d’un positionnement à charge, relevant de la pure propagande, et utilisant la culture antique alors bien répandue au sein des élites pour mieux médire de l’ Allemagne. L’auteur évite de parler de l’autocratie russe et de toutes les insuffisances de la démocratie française. Autant Hérodote, ce Père de l’Histoire, essayait d’être impartial, sans y parvenir forcément, autant M. Hamolle se livre à un discours de propagande pour dénigrer l’adversaire systématiquement. Mais, pour qui dispose de cette culture de l’antiquité, l’exercice est amusant et il plaisait en 1914.