On se bat aussi dans les colonies

Le Petit Comtois du 21 octobre 1914

PC 20_10_1914 Coco Beach 2L’épisode ci-contre de la guerre dans les colonies décrit par un Bisontin témoigne de la réalité des combats loin des fronts européens.

Avec l’expédition de Gustav Nachtigal, voulue par Bismarck, les Allemands colonisèrent le Kamerun à partir de 1884. En 1911, cette colonie s’agrandit de deux vastes ensembles à l’Est et au Sud suite aux accords passés avec la France et prévoyant un échange de territoires pour que l’Allemagne renonce à ses prétentions sur le Maroc. Le Cameroun totalisa alors plus de 900 000 km². (cf. carte ci-dessous extraite de Gallica Bnf. Les territoires cédés par la France forment deux espaces linéaires de couleur rougeâtre foncée à l’Est et au Sud du Cameroun)PC 20_10_1914 Coco Beach carte

Avec la déclaration de guerre, toutes les colonies allemandes d’Afrique firent l’objet d’une conquête par des forces franco-anglaises. Les forces allemandes pour défendre le Kamerun atteignaient environ 2000 hommes, mais se trouvaient coincées entre le Nigéria anglais et l’Afrique Équatoriale française qui s’étendaient du Tchad, à l’Est du Cameroun, au Gabon et Congo au Sud. Le Congo belge ajoutait à cet isolement aussi bien à l’Est qu’au Sud.

Le récit d’un Bisontin que le Petit Comtois reproduit à sa une du 21 octobre date déjà de près d’un mois quand il est édité. Il  est précis et a tout du rapport militaire. Il commence par énumérer les forces ennemies en les appréciant fortement pour mieux valoriser l’exploit des forces françaises. Une canonnière, la Surprise,  sert de transport de troupes et de moyen d’attaque.
La photo ci-dessous est extraite du site navires de la grande guerre
PC 20_10_1914 Coco Beach_photo

Les détails apportés par l’auteur font comprendre combien  les moyens  étaient beaucoup plus modestes qu’en Europe, tant en hommes qu’en matériels. Et la mortalité des combattants ne pouvaient donc pas retenir la même attention que les massacres sur les fronts d’Europe. PC 20_10_1914 Coco Beach 3Pour autant, le combat de Coco Beach, ici relaté, dura une journée, et fut meurtrier. Les Français perdirent un officier et un tirailleur dès les cinq premières minutes, la canonnière étant mitraillée. Pour l’opération de débarquement, les pertes s’élevèrent encore à trois  tués et trois blessés. PC 20_10_1914 Coco Beach 4Les combats à terre aggravèrent encore le bilan avec trois morts et deux blessés supplémentaires. Du côté allemand, la lettre est imprécise, mais signale qu’il y eut au moins huit Européens tués et trois blessés. Les pertes allemandes pour les tirailleurs indigènes ne sont pas évoquées.

Le rédacteur termine avec une PC 20_10_1914 Coco Beach 5appréciation respectueuse de tous les morts de ce combat, sans faire de discrimination entre Français, Allemands et indigènes. Pour lui, les attaquants comme les défenseurs firent un combat loyal, et tous les morts méritent d’être honorés.

Peu après cet épisode, un bataillon anglais de près de 4000 hommes, en provenance de Sierra Leone et du Nigéria, débarqua à Douala fin septembre 1914 et les forces allemandes durent poursuivre le combat dans l’intérieur. La conquête ne fut achevée que le 20 février 1916.

 Ce succès français auquel participa un Bisontin fait découvrir aux lecteurs du journal d’autres milieux géographiques où la guerre se déroula.

[Une partie des informations utilisées ici proviennent du livre du Général de division Aymerich : la conquête du Cameroun (1er août 1914-20 février 1916) paru chez Payot en 1933 et accessible sur Bnf Gallica.]

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