…avec la primeur d’un succès à venir : Rosalie
Le Petit Comtois du 19 octobre 1914
Théodore Botrel (1868-1925), breton monté à Paris, chansonnier rendu célèbre par sa Paimpolaise et parce que Mayol s’en fit l’interprète, était de passage à Besançon à la mi-octobre 1914.
Le ministre de la guerre, A. Millerand, avait encouragé Botrel à parcourir les cantonnements, casernes, ambulances et hôpitaux pour entretenir le moral des combattants et des blessés. Et Botrel fut un des premiers chansonniers aux armées. Mais il n’eut pas la constance et le courage de Lucien Boyer (1876-1942) qui chanta durant toute la guerre pour les soldats français aussi bien en Orient qu’en métropole.De même, Eugénie Buffet (1866-1934) fonda la chanson aux blessés, œuvre caritative, et se produisit dans les ambulances et hôpitaux.
À la mi-octobre à Besançon, Botrel chanta donc pour les blessés. Et il profita de l’occasion pour tester une de ses nouvelles chansons, Rosalie, surnom donné à la baïonnette.
Les paroles montrent qu’il s’agit d’une chanson à boire autant que d’une marche.
Les premiers couplets peuvent apparaître simplistes et acceptables, comme peuvent l’être les paroles de bien des chansons de ce type, mais les derniers sont d’un patriotisme abêtissant, en reprenant des stéréotypes de l’Histoire de France (Le courage de Roland à Roncevaux avec son épée Durandal, celui de Bayard à Marignan) et des mots de la Marseillaise. Les blessés ne devaient guère avoir envie de repartir faire couler le sang impur des Boches…
Malgré leur contenu médiocre, les chants de Botrel furent très populaires durant tout l’entre-deux-guerres.
Ci-dessous, le Petit journal donna (en prime) la partition de cette chanson de Botrel en 1915. Celui-ci avait alors édité un recueil intitulé Chants du Bivouac.
Ci-dessous : une interprétation récente.