…se manifestèrent dès le début du conflit
Le Petit Comtois du 7 octobre 1914
Le Petit Comtois remplissait ses colonnes de la page régionale avec des listes de souscripteurs, communes, corporations, particuliers, élus, ayant donné généreusement en faveur des soldats blessés…
Mais la générosité n’était pas le fait de tous. La guerre a activé l’esprit de solidarité, mais n’a pas fait disparaître le goût du lucre. Et il ne fallut pas attendre longtemps pour que la chronique des tribunaux mette en évidence les profiteurs de guerre.
Ainsi, un conseil de guerre se tint le 5 octobre à Besançon et jugea un nommé Maurice Picard, boucher de son état. L’homme avait flairé les bonnes affaires permises par les réquisitions. Encore eût-il fallu qu’il disposât d’une autorisation. Mais qu’à cela ne tienne, Picard se contentait de brandir un papier auprès des vendeurs potentiels en disant haut et fort qu’il agissait pour les réquisitions. Or, il n’avait jamais eu ce type de laisser-passer et abusait de la crainte inspirée par le mot réquisition.
Il paya des bœufs 85 f les 100 kilos et des génisses 77 F. Les tarifs que pratiquait l’armée s’élevaient à 110 F les 100 kg. Picard faisait donc, à l’achat, un bénéfice de près de 25%.
Un conseil de guerre jugea son cas. Ce sont donc des militaires qui statuèrent et après délibérations, Picard fut condamné à un mois de prison et au paiement des frais de justice.
Maurice Picard n’avait certainement pas beaucoup d’envergure et ne put probablement pas récidiver en raison de la publicité de cette affaire.
Mais pour un Picard pris, jugé et condamné, combien de personnages plus habiles surent tirer beaucoup plus de profit des commandes de l’armée ? Sans parler des marchands de canons qui avaient déjà un marché garanti, les grossistes en tissus, nourritures et tout type d’approvisionnement pour les soldats surent améliorer leur fortune.