Le Petit Comtois du 31 août 1914
Ce 31 août, lorsque le Petit Comtois écrit : sur le front oriental, le reste des forces allemandes est anéanti, brisé ou cerné par les armées russes, c’est le contraire qui s’est produit la veille avec la victoire allemande de Tannenberg. La presse parle encore d’une menace russe sur Berlin pourtant bien hypothétique. Même si en Galicie, contre l’Autriche-Hongrie, les Russes remportaient la victoire de Lemberg, le Petit Comtois était abusé par la censure et abusait ses lecteurs à son insu.
Voulant prendre en tenailles les troupes allemandes, deux armées russes progressent depuis la mi-août; la première avance droit vers l’Ouest contre Königsberg, l’autre remonte vers le Nord depuis l’enclave polonaise au Sud de la Prusse orientale (cf. carte ci-dessous). Après un recul germanique, la 2e armée russe dirigée par le général Samsonov est encerclée à Tannenberg où Hindenburg l’écrase. 95 000 soldats russes sont faits prisonniers. Les tués et blessés sont aux environ de 30 000 hommes. Les Allemands en ont perdu 3 500.
La progression russe était durablement interrompue et le front allait se stabiliser jusqu’en mai 1915. En Allemagne, la presse parle de la bataille de Olsztyn, mais Hindenburg, sensible à l’histoire et conscient de sa renommée la fit baptiser du nom du petit village qui était au beau milieu du secteur géographique de la bataille, Tannenberg. Ceci, parce qu’en 1410, au même endroit, les chevaliers Teutoniques avaient subi une défaite face à une coalition lituano-polonaise. La victoire de 1914 éclipsait ainsi cette ancienne défaite.
La vidéo suivante est en allemand, seules les premières images concernent le début de la guerre et Tannenberg. Elles ne sont pas d’époque étant extraites d’un film de 1932 ayant pour thème cette bataille. Certaines peuvent se passer de commentaires. Elles présentent l’avantage d’être peu connues en France.
Sur cette annonce (ci-contre) du 28 août, le repli allemand est signalé vers Allenstein, c’est le nom allemand d’Olzstyn (près de Tannenberg) où les Russes seront défaits. Encore une fois, il s’agit de désinformation.
À la fin du mois d’août, les alliés de l’Entente ont toutes les raisons d’être angoissés. La tribune du Petit Comtois du 31 août titre ainsi. Sans tomber dans le désespoir, la censure ne l’aurait pas permis, l’auteur, Charles Krumholtz ne cache cependant pas les inquiétudes de tous, à propos des blessés, des gens du Nord qui fuient ou sont déjà occupés. Bien sûr, il espère toujours la victoire, mais le doute est semé, l’invasion allemande progresse. Il faudra attendre le sursaut de la Marne…