Le Petit Comtois du 2 juillet 1914
Pour le deuxième jour consécutif, ce billet permet de faire du tourisme dans le Doubs. Le circuit d’autocars décrit hier, passait par la haute vallée du Doubs dans le défilé d’Entre-Roches et Remonot.
Or, ce 2 juillet, un article de Charles Beauquier, dans le Petit Comtois revient sur ces lieux afin que la Commission départementale des sites différencie nettement ces deux grottes dans cette vallée encaissée comme un petit canyon karstique.
Il était donc question de classement pour ces sites naturels du Défilé d’Entre-Roches, de la Grotte du Trésor et de la grotte de la Chapelle. Or, la commission, mal informée, et n’ayant certainement pas vérifié sur place confondait les deux grottes. Pourtant, elles ne se ressemblent pas, sinon par leur site à la base de la paroi calcaire verticale, rive gauche du Doubs. La Grotte de Remonot, ou de la Chapelle est un site religieux depuis le Moyen-Âge ; c’est le lieu où, au XIXe siècle, un promeneur aurait été miraculeusement préservé par la Vierge Marie à la suite d’une chute de toute la hauteur de l’escarpement. Aménagée en lieu de prière et en chapelle, la grotte dispose d’une eau prétendue miraculeuse qui sourd d’une source située au fond. En 2013, un cas miraculeux a encore animé les médias locaux.
La Grotte du Trésor n’est pas la même. La description (ci-dessous, jointe à la vue aérienne) faite par M. Duquet, que le journal nomme fort à propos son coreligionnaire politique (donc radical) lève la confusion faite par la commission. Le lieu est d’accès plus difficile dans un environnement boisé et n’est pas humanisé.
Le porche qui ouvre sur la grotte est de taille impressionnante et l’intérieur intéresse déjà les géologues comme ce professeur de la Faculté de Besançon. Sa description rejoint celle de M. Duquet.
Mais au delà de son intérêt géologique, avec des colonnes de stalactites, la grotte intrigue en raison des légendes qui courent à son sujet. Beauquier cite Rougebief, un historien local, qui prétend que la tradition invoque un cerbère sous forme de dragon pour garder des richesses cachées dans la grotte.
En fait, l’imagination populaire et celle des conteurs évoquait une vouivre, femme-serpent qui fréquente les milieux humides et les cavernes rocheuses et dangereuse pour l’homme. En 1941, Marcel Aymé en fera un roman célèbre.
L’une et l’autre seront classées, le 12 août 1914, un classement de monument historique pour la grotte de la Chapelle, et de site naturel pour la grotte du Trésor et le Défilé d’Entre-Roches.
Nul doute que ce classement a été décidé en préfecture, lors de la réunion évoquée par Charles Beauquier, début juin. Ces classements avaient aussi pour but d’attirer les touristes et ils jalonnaient le circuit du Doubs présenté dans le billet précédent.