Le Petit Comtois du 25 mai 1914
La bicyclette tient déjà une certaine place dans la presse. Ainsi, dans la seule édition du Petit Comtois du 25 mai on peut lire deux articles sur les courses cyclistes et une remarque de chronique judiciaire sur les plaques de bicyclette. Pourtant, les historiens estiment que jusqu’en 1914, le vélo est dans sa période bourgeoise. Il est vrai qu’il coûte encore assez cher et n’est donc pas accessible facilement aux plus modestes. Mais cela commence à changer avec une popularité accrue de la « petite reine », expression qui serait due au journaliste sportif Giffard depuis 1891.
En effet, le vélo procure déjà des distractions sportives populaires et, dans les grandes villes, l‘on investit dans des vélodromes. Techniquement, les machines ont beaucoup progressé avec la roue libre et les freins au guidon, avec des pneumatiques plus résistants et plus faciles à monter comme l’indique cette réclame Michelin dans le Petit comtois du 18 mai. Bien qu’ils restent lourds, les vélos sont plus pratiques.
Les courses cyclistes attiraient donc de nombreux spectateurs. La course du dimanche 24 mai (relatée dans l’édition du Petit Comtois du lundi 25) se déroula sous de fréquentes averses. Le bulletin météorologique du journal signale des averses orageuses sur tout l’Est de la France les 24 et 25 mai. Les coureurs durent souffrir, rentrant plutôt crottés, mais ne manquèrent pas d’encouragements le long de la route. Le spectacle était plus fort que le mauvais temps et cette distraction gratuite était attractive. La Société cycliste locale,
la Pédale Bisontine, organisait régulièrement des courses annoncées dans le Petit comtois.
Le douzième Tour de France se préparait déjà et il était annoncé dans l’édition du même jour. Prévu du 28 juin au 26 juillet, il allait se dérouler sans encombre avant que la guerre n’éclate et ne mobilise la plupart des coureurs et accompagnateurs…
On peut lire ci-contre que le journal l’Auto est l’organisateur du Tour et ce, depuis la 1ère année de cette épreuve en 1903. Ce journal a été remplacé par l’Équipe après 1944 lorsqu’il fut interdit pour cause de collaboration.
Le vélo avait pris sa place dans la société, comme outil sportif et surtout comme utilitaire. L’autre remarque vélocipédique du journal, ce 25 mai, a trait à la plaque dont toute bicyclette devait être équipée.
Les autorités avaient vite compris l’intérêt qu’il y avait à exiger de chaque propriétaire une plaque. Obligatoire depuis 1900, la plaque permettait de vérifier que le propriétaire du vélo avait payé la taxe ; mais la taxation était antérieure puisqu’elle datait d’une loi de 1893. Et l’on voit dans la relation de ce fait local que les fraudeurs pouvaient être nombreux, à leurs risques et périls. La fraude a pu être estimée à 40%.
La plaque de 1914, ci-contre, est extraite du site http://plaque.free.fr/f_v.html
À la veille de la guerre, il ne faut pas omettre l’usage de la bicyclette par l’armée. La photo ci-dessous, extraite de Gallica de la Bnf, montre des manœuvres à vélos en 1912. En France, depuis 1913, 10 groupes de chasseurs cyclistes sont rattachés aux divisions de cavalerie. Leur rôle sera modeste lors des premiers mois du conflit, puis déclinera avec la guerre de tranchée.
Un vélo pliant de 13 kg fut conçu pour ces groupes de chasseurs cyclistes.