Le Petit Comtois du 31 mars 1914 (p.2)
….Ou, les appréciations d’un Suisse sur deux équipements de Besançon.
Dans un article intitulé Chronique horlogère, M. Léopold Reverchon, citoyen suisse et horloger de profession, publie ses impressions de voyage à Besançon dans le Moniteur de la Bijouterie. Le Petit Comtois
reprend l’essentiel de ce récit. Un récit comme un vaudeville, sans mari, ni femme, ni amant, dans lequel M. Reverchon, « grand diable » de la Suisse voisine, rend visite, par le train, au directeur de l’École d’Horlogerie de Besançon. La première partie de son compte-rendu concerne
la ligne de chemin de fer Besançon-Le Locle.
Inaugurée en 1884, cette ligne eut une activité notable jusqu’à la première guerre mondiale. Le voyageur utilise un ton plaintif et moqueur pour grogner sur la durée du trajet alors que celui-ci est en pente descendante avec un dénivelé de plus de 600 mètres. Il voit deux raisons à cette lenteur. La première est l’attitude tatillonne et désagréable des douaniers de Morteau dans une gare vieille et sale. Apprécions les remarques du voyageur sur l’œil fouineur des gabelous à propos de la quantité de chocolat, de café et de cigarettes qu’il transporte,
probablement pour offrir à son hôte, le directeur de l’École d’Horlogerie.
Celui qui, aujourd’hui, passe la même frontière inverserait sûrement ses appréciations, estimant le douanier suisse beaucoup plus inquisiteur que le français. Assez chauvin ce brave Reverchon.
L’autre récrimination concernant la lenteur du train est liée au croisement des convois montants et descendants obligeant à des attentes en gare sur cette ligne unique.
Mais si Reverchon avait sans doute raison de se plaindre de la lenteur du train et de l’acharnement déplaisant des douaniers de Morteau, il devait apprécier l’arrivée à la gare de la Mouillère, alors beaucoup plus majestueuse que celle de la Viotte.
Ci-dessous, vue de la gare de la Mouillère vers 1912 (extraite d’une carte postale dans memoirevive )
Sur l’École d’Horlogerie, Reverchon est élogieux.
Elle occupait alors les bâtiments de l’ancien grenier à blé sur la place de la Révolution. Aujourd’hui, après avoir abrité le Conservatoire de musique, le bâtiment est en chantier d’adaptation pour accueillir un hôtel.
Ci-dessous, carte postale de 1914 de l’École d’Horlogerie.
Après des louanges au nouveau directeur, M. Trincano, il se félicite des travaux d’aménagement qui ont permis d’améliorer l’éclairage naturel, des achats d’équipements en matériels de qualité pour les
apprentis horlogers et les mécaniciens. Il apprécie particulièrement les voyages d’étude faits par les professeurs dans des entreprises d’horlogerie de Suisse, du Haut-Doubs et de Savoie en 1912 et 1913. Les élèves font eux-mêmes une sortie par semaine en entreprise au dernier trimestre. Enfin, il encourage le recul de l’âge d’entrée dans l’école estimant que l’élève doit disposer d’un bagage d’instruction générale suffisant.
Pour conclure, le Petit Comtois se réjouit de l’avis de Reverchon sur l’École d’Horlogerie sachant qu’il n’avait pas toujours été aussi élogieux dans le passé.
Ce récit, assez truculent dans sa première partie, gagne à être lu intégralement en page 2 du Petit Comtois du 31 mars 1914