Le Petit Comtois du 16 mars 1914
Aujourd’hui, ceux qui restent partisans d’un canal du Rhône au Rhin à grand gabarit, seront étonnés d’apprendre que l’accroissement de ce gabarit était envisagé en 1914 de façon modeste.
Ce canal, permettant de relier le Rhône au Rhin par la Saône et le Doubs, a été envisagé dès le XVIIIe siècle. Le projet le plus abouti fut celui de Philippe Bertrand en 1792, (cf. ci-contre. Édition reprise dans un mémoire édité en 1804), les travaux entre Saint-Symphorien-sur-Saône et Dole commencèrent dès la période révolutionnaire, ils furent poursuivis au delà durant l’époque napoléonienne et pendant la Restauration pour arriver à l’inauguration en 1834 sous la Monarchie de Juillet.
En mars 1914, il est donc question d’améliorer ce canal en raison des insuffisances de taille des écluses et aussi du mouillage variant entre 1,8 m et 1,2 m le long du canal. Le tirant d’eau des péniches ne pouvaient donc guère dépasser un mètre au risque de frotter le fond et de s’échouer.
L’article ci-contre rappelle que la loi de 1879 a fixé un gabarit aux écluses et aux péniches, le fameux gabarit Freycinet, norme régissant alors le canal du Rhône au Rhin. En effet, les Gouvernements de la IIIième République ont beaucoup agi pour les transports ferroviaires et fluviaux. Ils ne cessent pas entre 1912 et 1914 comme cet article en témoigne.
Au demeurant, le trafic du canal continuait à baisser, passant de 307 000 tonnes en 1881 à 241 000 tonnes en 1911, baisse forte surtout dans le sens nord-sud.
La baisse provenait certainement de la médiocrité des capacités de navigation offertes par le canal, mais bien plus sûrement de l’hostilité franco-allemande qui réduisait le commerce, particulièrement dans les échanges énergétiques et métallurgiques.
Toutefois, rénover ce canal ne présentait pas d’intérêt si l’on se contentait de le faire entre Saint Symphorien sur Saône et Montbéliard ; le trafic étant surtout nourri des échanges locaux, il n’aurait pas augmenté, même avec une amélioration de la taille des écluses et de la profondeur du canal.
On prévoyait cependant un mouillage accru de 40 cm en passant de 1,8 m à 2,2 m entre la Saône et Besançon, un allongement des écluses et un rehaussement des ponts.
Mais cela n’aurait d’intérêt qu’avec des travaux identiques dans la partie alsacienne. La section alsacienne entre Montreux-Château et Mulhouse est alors située en Allemagne et ce n’est que par une coopération franco-allemande que ce chantier de rénovation pouvait être engagé.
Or, il se trouve que le Landtag d’Alsace-Lorraine était partisan de ces travaux bien que directement soumis à l’autorité de Berlin.
Ainsi, en mars 1914, pour des travaux de ce type, l’entente franco-allemande était encore concevable.
Carte postale de 1912, montrant le canal le long du Doubs à Besançon : écluse et péniche de gabarit Freycinet (source : http://memoirevive.besancon.fr/)