Aux morts pour la patrie…de 1870-1871

Le Petit Comtois du 11 février 1914

Une fois n’est pas coutume, Pontarlier, plutôt que Besançon peut-être retenue pour être l’objet d’un article sur une manifestation patriotique qui eut lieu dans cette ville le dimanche 8 février 1914.

PC 11_02_1914 aux morts pour la patrie 1Oui, il y avait déjà des cérémonies régulières pour honorer les soldats morts pour la patrie. Celle dont rend compte ici le Petit Comtois  est faite en l’honneur des victimes de la guerre de 1870, et surtout des soldats de l’armée de Bourbaki qui trouvèrent la mort dans le Haut-Doubs lors de leur retraite hivernale.

PC 11_02_1914 aux morts pour la patrie 2Sans jamais nommer avec précision la guerre elle-même,  sans jamais la dater non plus, deux orateurs pleins d’emphase rappellent combien cette guerre franco-prussienne ou franco-allemande fut meurtrière et marquante pour les gens du Haut-Doubs qui virent la retraite et même la débandade d’une armée en déroute, finalement obligée de se désarmer pour trouver refuge en Suisse. PC 11_02_1914 aux morts pour la patrie 3Certains, comme M. Lanquetin, président des conscrits de la classe 1883,  ont souvenir de ce conflit pour l’avoir vécu enfant, mais tous les présents en ont connaissance car on entretient alors la mémoire de cette cuisante défaite par l’enseignement et par des commémorations de ce type.

 

PC 11_02_1914 aux morts pour la patrie 4Cette armée de l’Est, mal entraînée et mal équipée, commandée par le général Bourbaki, était chargée de secourir Belfort assiégé. Elle dut se replier et, malgré la brève victoire de Villersexel (9 janvier 1871), battre en retraite par la montagne du Jura en longeant la frontière suisse car la route de Besançon était coupée par l’armée allemande de Manteuffel. Sur 150 000 hommes, il n’en resta que 87 000 pour déposer les armes afin de se réfugier en Suisse pour internement. Les habitants du Haut-Doubs et de Pontarlier en particulier ont gardé un souvenir terrible de cette déroute sur leurs terres.

PC 11_02_1914 aux morts pour la patrie 5M. Lanquetin, le 1er  orateur, parle d’année terrible, de funeste guerre, de ces tristes jours où tout n’était que ruine et deuil, d’horribles combats.  IL conclut en appelant à la vengeance pour ces morts de 1870.

M. Chabod, le 2ème orateur, est président des conscrits de la classe 1914, il s’agit des futurs soldats les plus jeunes qui seront appelés rapidement. Il emploie des termes et expressions très semblables au 1er, mais il termine son discours par l’évocation de l’Alsace-Lorraine, rappelant ainsi la conséquence territoriale de ce conflit de 1870-71. Quarante-quatre ans après, il nourrit encore l’espoir de voir le retour à la France de cette province. Est-ce parce que l’affaire de Saverne a rappelé l’attachement de certains Alsaciens-Lorrains à la France ? Ou est-ce encore un esprit revanchard qui anime ce président des conscrits de 1914?

Pouvaient-ils imaginer, ces présidents de conscrits de Pontarlier, qu’il y aurait, quatre ans après, des cérémonies de ce genre dans toutes les communes de France ? Pouvaient-ils penser que chacune de ces communes ferait ériger un monument aux morts pour inscrire dans la pierre les noms de tous ces jeunes hommes qui allaient périr ?
Auraient-ils appelé à la vengeance comme ils l’ont fait quelques mois avant cette grande guerre? Cela est peu vraisemblable.

Le monument aux morts de 1870-1871 de Pontarlier se situe dans le cimetière communal.

Jusque là, ce type de monuments jalonnait les lieux de bataille plus ou moins importantes, mais la France entière n’en était pas couverte. L’ampleur des pertes de 1914-1918 allait donner naissance à une véritable industrie du monument. Le prix Goncourt 2013, attribué à Pierre Lemaître pour Au revoir là-haut, traite de façon originale cette soif de constructions commémoratives.

Extrait du Panorama Bourbaki d’Edouard Castres, peint en 1881. L’artiste a vécu cette déroute de janvier 1871 comme bénévole de la Croix-Rouge. Il traduit parfaitement les paysages enneigés et glacés, rendus lugubres par les forêts sombres qui couvrent les monts et par les scènes terribles des files de soldats obligés de désarmer et très éprouvés par la fatigue, le froid et la faim.tableau Bourbaki Lucerne

Bonne analyse de ce tableau panoramique dans l’Histoire par l’image.

6 commentaires sur “Aux morts pour la patrie…de 1870-1871

  1. pour un travail de généalogie je recherche un ancêtre disparu de son domicile depuis le « 17.12.1870 époque où il est parti comme conducteur attaché aux trains auxiliaires de l’armée de l’est ». Savez-vous quelles sont les démarches que je peux entreprendre ?? Merci d’avance

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    1. Hiver 1870-1871 : Temps troublés et violents pendant lesquels les disparus furent nombreux.
      – Existe-t-il des archives du personnel des chemins de fer de cette époque? Pour ma part , je ne sais pas.
      L’armée de l’Est se formait à ce moment-là et les trains ne furent guère utilisés que jusqu’à Besançon et Clerval.
      Ensuite, à la mi-janvier 1871, ce fut la bataille de Villersexel ; si votre ancêtre y mourut, il existe un cimetière près de cette bourgade.
      Tentez une recherche sur Mémoire des Hommes pour une éventuelle sépulture.
      http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/sepultures_guerre/index.php
      La suite est une déroute militaire avec beaucoup de morts et un passage en Suisse, après désarmement, pour échapper à la captivité en Allemagne.
      Je ne sais pas non plus où trouver la liste des soldats concernés, si elle existe.
      Et un conducteur de locomotive était-il concerné?
      Je suis désolé de ne pas vous donner plus de pistes.

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