Le Petit Comtois du 6 février 1914
Nous avons déjà parlé d’Adolphe Girod. Il faisait partie de la commission parlementaire des armées et c’est aussi à ce titre qu’il informe les lecteurs du Petit Comtois.
Sa 1ère remarque est de noter qu’une guerre franco-allemande aurait forcément un aspect mondial du fait de l’importance des deux belligérants (+ leur empire colonial) et des pays qui leur sont alliés. Ainsi, même si l’on pensait pouvoir éviter la guerre, ceux qui étaient les mieux informés avaient conscience du risque d’une guerre mondiale.
S’adressant directement aux lecteurs du PC Il évoque ce que pourrait être l’attaque brusquée allemande et dans quels délais s’opérerait la concentration des armées d’offensive allemandes.
Les politiques français et l’état-major étaient bien informés du plan de guerre allemand Schlieffen-Moltke. Il est plus étonnant de le voir présenté aux lecteurs du PC. Ce plan prévoyait une attaque massive à l’Ouest (France et Belgique), engageant 18 corps d’armée plus 6 divisions de cavalerie et 7 de réserve, et en se contentant de retenir les troupes russe à l ‘Est avec 4 corps d’armée.
Il cite Von der Goltz (junker prussien, conseiller auprès de l’armée de terre) pour faire comprendre la masse humaine que cela représente.
Ensuite il énumère les lignes de voies ferrées qui seront utilisées par les troupes allemandes pour se concentrer à la frontière Ouest. Et, juste avant, il émet l’hypothèse que la neutralité belge pourrait ne pas être respectée ainsi que celle du Luxembourg. Ce qui se produira, comme nous le savons.
Il précise le nombre de trains nécessaire pour chaque corps d’armée (130 pour un corps, 35 pour une division de cavalerie, 45 pour une réserve), il calcule les temps d’embarquement et d’engorgement des lignes pour aboutir à 340 trains en 24h sur les dix lignes ferroviaires concernées. Il estime à 2685 le nombre total de trains pour que l’armée allemande soit concentrée à la frontière française, soit 7.5 jours de transport. Selon lui, elle serait en ordre de bataille le 13e jour.
Il termine en valorisant le réseau ferré français et avec une conclusion rassurante, mais qui se révélera erronée (cf. ci-contre)
Voilà deux colonnes à la une du Petit Comtois qui ne cachaient pas grand chose des plans militaires allemands aux lecteurs de ce journal. Nous sommes en février, et l’on parle de guerre de masse. Même si l’on pense alors qu’elle peut être évitée, on s’y prépare.
Arte, le 31 janvier a mis cette video en ligne ; elle résume l’importance de l’armée en Allemagne et ses plans d’attaque.