Quand l’isoloir devenait obligatoire pour voter…

Le Petit Comtois du 29 décembre 1913

…le Petit Comtois prenait soin de transcrire l’intégralité des instructions préfectorales.

PC 29_12_1913 isoloir 1Marpain, dans le Jura, 18 km au Nord de Dole, fut donc la première commune de Franche-Comté à utiliser un isoloir pour une élection. Il s’agissait d’une élection municipale partielle.

Jusqu’à cette date, et depuis la loi instaurant le suffrage universel masculin en 1848, l’électeur pliait son bulletin et le remettait au Président du bureau. Dans tous les petits bureaux du monde rural, le Président et ses assesseurs étaient forcément des personnes impliquées dans la vie publique locale et les pressions de toute sorte étaient envisageables avant et pendant le vote.
Le scrutin n’était pas aussi secret que le réclamait le code électoral.
On n’est pas surpris, pour cette époque, de retrouver les notables locaux à tous les postes clés de la commune et du département. Il est vrai que l’isoloir ne changea pas tout. L’instruction, l’engagement et la disponibilité (plus grande chez les riches) restèrent des conditions pour être élus et le sont encore. Mais c’était plus vérifiable avant 1945, quand les élus locaux n’avaient pas d’indemnités, sinon pour certains déplacements à partir de 1912. Une indemnité pour les élus du Parlement était prévue par la loi dès 1848. La IIIème République améliora l’indemnité des législateurs en 1906, leur permettant de couvrir partiellement les frais de campagne électorale.

La loi de 1913 était complétée par l’obligation d’une représentation des candidats parmi les scrutateurs, même si l’on avait mis un terme aux inscriptions multiples depuis 1907

PC 29_12_1913 isoloir 2 L’usage de l’isoloir est décrit dans le moindre détail. On constate que l’identification de l’électeur se faisait avant la préparation de son bulletin. Aujourd’hui, dans beaucoup de bureaux, elle se fait au moment où il s’approche pour voter, après s’être  isolé. PC 29_12_1913 isoloir 3Pourtant, les instructions du Ministère de l’Intérieur, précisent qu’il est identifié sur les listes électorales avant de se rendre dans l’isoloir.  Sinon, rien n’a changé depuis ces débuts d’usage de l’isoloir. La mise à disposition d’une enveloppe permettant de cacher le bulletin de vote aux regards des gens du bureau date de 1880. Dès 1883, une commission parlementaire évoquait l’utilité de l’isoloir. Il a donc fallu 30 ans pour que cette mesure aboutisse. L’Australie l’avait adoptée en 1857, le RU en 1872, la Belgique en 1877, l’Allemagne en 1903 et le Chili en 1912. Les leçons de démocratie données par la France ont parfois un côté prétentieux.

Le Petit Comtois accorde toute la place qu’elle mérite à cette mesure nouvelle. On voit là la préoccupation politique de ce journal vis à vis des choses concrètes, celles du « terrain », qui intéressaient particulièrement le lecteur électeur.

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