Le Petit Comtois du 24 décembre 1913
J’ai souvenir d’une visite dans la salle de la corbeille de la bourse de Lyon, au début des années 1990, tout de suite après la fermeture de cette bourse. En 1913, cette bourse régionale fonctionne depuis 53 ans, les titres des sociétés de taille moyenne y sont surtout échangés. On imagine les courtiers criant leurs achats ou leurs ventes à la corbeille.
Dans le Petit comtois, habituellement le mercredi, on peut suivre la cotation des titres de sociétés implantées et nées à Besançon ou près de cette cité. Le capitalisme local est encore proche, même si l’époque est celle d’une première mondialisation ne serait-ce qu’avec l’empire colonial, mais aussi avec des investissements français à l’étranger, comme c’était déjà le cas de la société de Chardonnet en Angleterre…
Dans le journal du 24 décembre 1913, on trouve 4 entreprises franc-comtoises cotées.
quelques cours de titres relevés dans le PComtois | Forges de Franche-Comté | Société Chardonnet | Automobiles Schneider | Gaz de Besançon |
Janvier 1900 |
350 |
155 (décembre) |
– |
|
Janvier 1913 |
194 |
190 |
188 |
690 |
Décembre 1913 |
176 |
– |
80 |
733 |
La Société des Forges de Franche-Comté.
Fondée en 1854, les installations de cette société étaient encore dispersées en plusieurs sites francs-comtois, mais le principal restait à Fraisans où se trouvait le siège de la Compagnie. Pour un historique, consultez ce site sur la famille Vautherin, celle du principal fondateur.
Photo extraite de Racines Comtoises
Le titre ci-dessus, du 1er janvier 1913, se vendait à 250F. Les cours de bourse depuis 1900 reflètent les difficultés de l’entreprise. Les cotations relevées dans le Petit comtois donnent 194 F à la mi-janvier 1913, 176F en décembre 1913.
La société était déjà en déclin en 1913. Les fourneaux étaient éteints et si l’on continuait à y travailler le fer, on était loin des heures glorieuses où la société approvisionnait le chantier de la tour Eiffel avant son inauguration de 1889.
Les tissages artificiels Chardonnet, sur le site des Prés de Vaux.
Inventeur de la soie artificielle en 1883, Louis Marie Hilaire de Chardonnet a fondé sa société en 1889 mais n’a commencé à produire qu’en 1892 et il a investi aussi dans des établissements dans l’Empire austro-hongrois et en Angleterre. En 1913, la société continue sa croissance tant en production qu’en bénéfices, mais ce n’est plus le procédé de fabrication Chardonnet qui est utilisé, mais celui de la viscose.
Les cours de bourse ont alors une tendance haussière.
La société des automobiles Schneider était implantée avenue Fontaine-Argent. Théodore Schneider venait de Lyon et il s’installa à Besançon avec Louis Ravel, lui aussi constructeur automobile, venu de Neuilly. Ils fondèrent leur société en 1910 et s’intéressèrent particulièrement aux voitures de course.
Les cours de bourse ne reflètent pas la santé de la production, car l’entreprise vendit près de 300 véhicules en 1913. La guerre interrompra la fabrication d’automobiles, remplacée partiellement par des camions et des ogives.
Dans le Petit Comtois, les pages économiques et financières tiennent une bonne place. Elles touchent à tous les aspects de l’économie de l’époque, mais l’agriculture est privilégiée car elle fournit encore une majorité d’emplois et entraîne des activités d’aval occupant aussi nombre d’actifs.