Noël et anticléricalisme du Petit Comtois

Le Petit Comtois du 27 décembre 1913

La chronique Feuilles au vent correspond à un billet d’humeur dans le Petit Comtois. En 1913, c’est souvent Jean Turquis qui en assure l’écriture et il le fait avec beaucoup d’habileté, utilisant l’humour, l’ironie et la culture pour obtenir l’adhésion de son lecteur, voire le faire rire.

PC 27_12_1913 NoëlL’Ironie mordante de Jean Turquis s’exerce ici contre la crainte de Dieu par les Chrétiens et leur croyance en un jour de paix, de générosité, le jour de la nativité de Jésus, Noël. Il ironise donc sur le fait que, malgré tout, des catastrophes ont lieu le jour de Noël. Il en cite plusieurs comme vous pouvez les lire ci-contre et ci-dessous.

La première, « le massacre de Calumet » au Michigan est d’autant plus dramatique que 73 enfants sont tués par écrasement lors d’une fête de Noël. Ce que ne précise pas J. Turquis, car ce n’est pas le propos d’un tel billet, c’est que la panique qui provoqua l’écrasement et la mort de 80 personnes s’est déroulée dans un contexte de grève dure, conduite par un syndicat de mineurs de fond. Dans la salle des fêtes improvisée et sans sécurité, un homme à la solde de la Compagnie cria « au feu » pour provoquer cette panique tragique.

La chanson triste de Woody Guthrie raconte ce « massacre de 1913 ».
“Take a trip with me in 1913,
To Calumet, Michigan, in the copper country.
I will take you to a place called Italian Hall”.
Where the miners are having their big Christmas ball…”

L’ anticléricalisme de J. Turquis s’exerce un jour de Noël, il est donc d’autant plus virulent. Il est vrai que le fanatisme d’une partie du camp clérical de l’époque suscitait des réponses violentes.  À la décharge de J. Turquis,  l’enseignement catholique avait encore une influence remarquable sur les enfants et les femmes et certains prêtres brandissaient la vengeance divine pour mieux tenir leurs ouailles. Il n’empêche que le chroniqueur fait de l’anti-religion et pas seulement de l’anti-cléricalisme.

PC 27_12_1913 Noël 2La suite de cette chronique revient à une moquerie qui nous paraît presque familière tant on l’a entendue depuis. Elle pourrait être écrite aujourd’hui avec plus de justifications. En effet, Noël est plus une sacrée fête commerciale qu’une fête sacrée et ce n’est plus seulement le boudin, le cochon et la dinde plus ou moins truffée qui en représentent l’essentiel, mais bien le commerce de tout type de cadeaux. Nous avons vu précédemment, qu’en 1913, les cadeaux de Noël tenaient moins de place que les étrennes.

Exceptionnellement, à travers ce billet de Jean Turquis, le Petit Comtois frise l’intolérance en tournant en dérision une croyance religieuse, la nativité de Jésus-Christ et le pouvoir divin, et pas seulement l’influence cléricale ; mais, au final, le propos ne nous apparaît pas du tout anachronique.

 

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