Le Petit Comtois du 24 décembre 1913
Une séance du Conseil Municipal de Besançon à l’avant veille de Noël 1913, en fin d’après-midi de 17 h 15 à 19 h 35, (p.1 et 2 du Petit Comtois de ce jour.)
Le Petit Comtois fait régulièrement le compte-rendu détaillé des réunions du Conseil Municipal de Besançon. Celui de la fin d’année 1913 se tint sur deux jours, les 23 et 27 décembre en encadrant Noël. Depuis 1912, la mairie est entre les mains d’Antoine Saillard, un avocat, élu comme libéral contre les radicaux-socialistes qui la détenaient depuis 1881.
Le 23, l’ambiance de ce Conseil est détendue, peut-être les esprits sont-ils déjà à la fête de Noël. Les réparties des uns et des autres ne sont pas empreintes de violentes oppositions, les désaccords, réels, ne conduisent pas à des algarades. Pourtant, l’ordre du jour abordait des questions sources de polémiques…
– Des questions d’ordre local…
Diverses adjudications comme celle des imprimés pour l’administration municipale, celle du Kursaal (où il est précisé que le tenancier du vestiaire ne doit pas se livrer à tout autre genre de commerce), celle de la paille pour les abattoirs, celle de la houille pour la machine élévatoire de Griffon, 70 tonnes (il s’agit de la station de pompage avec machine à vapeur pour élever l’eau dans le réservoir qui jouxtait le Fort Griffon [construit en 1854] et qui a été récemment mis à jour lors d’un chantier.
Photo ci-contre)…
Et six propositions pour le nouveau cahier des charges du théâtre : hausse du prix des places, complément d’effectif de la troupe lyrique avec un baryton d’opéra, création d’un ballet avec danseuse étoile…
L’extrait ci-contre témoigne de la bonne humeur des débatteurs.
La troupe de comédie fut supprimée, la création d’un ballet fut repoussée, le prix des places ne fut pas augmenté.
Parmi les questions abordées, l’une d’elle nous apprend que le Conseil se constituait en comité secret pour traiter de cette affaire, l’élargissement d’une rue. Cela amenait à penser que des intérêts particuliers ne devaient pas être évoqués publiquement, donnant alors prise à toute sorte d’interprétation, y compris celle de favoritisme. ( L’article L.2121-18 du code général des collectivités territoriales permet au conseil municipal, sur la demande de trois membres ou du maire, de décider par scrutin public par assis et levé, sans débat, de se former en comité secret, en dérogeant ainsi au principe du caractère public des séances. Extrait du site : recueil de jurisprudence communale.)
… Et une question d’ordre national : le vote des femmes :
Le débat ne portait que sur un vœu : celui de l’instauration du vote des femmes aux seules élections municipales. Il n’était ni question du vote des femmes au niveau national, ni question de décider, mais seulement d’émettre un vœu. Les élus bisontins n’étaient visiblement pas prêts à supprimer les prérogatives masculines, mais certains voulaient bien émettre ce vœu comme cela avait été déjà fait à Belfort, mais aussi Paris, Lyon, Brest etc… À Besançon les élus devaient être peu confrontés aux actions des suffragettes, à celles de la Ligue française pour le droit des femmes (1882) ou de l’Union française pour le droit des femmes (1905). Néanmoins, le journal signale un public féminin important et attentif pour écouter un partisan du vote des femmes aux élections municipales.
M. Ledoux, puisque c’est de lui dont il est question, a raison de noter que les Norvégiennes votent déjà (en fait depuis peu : juin 1913), mais les danoises n’ont vraiment pu le faire qu’en 1915 (depuis 1908 seules les femmes de plus de 25 ans et payant l’impôt pouvaient voter). Quand aux Néo-Zélandaises, elles votent depuis 1883 et seront éligibles en 1919.
Les opposants à ce vœu, comme M. Durant du parti radical socialiste, donnent leur point de vue avec humour et intérêt. Il est de ceux qui pensent que le vote des femmes ferait immanquablement pencher la balance politique du côté droit en raison de l’influence du clergé sur la gent féminine. C’est donc par anticléricalisme qu’il votera non.
M. Dousseau explique qu’il votera non avec un argument qui prête à rire, mais le maire, M. Saillard votera oui tout en précisant qu’il ne va pas jusqu’à souhaiter l’entrée des femmes en politique au niveau national.
La mise au vote de ce vœu se fit donc : le texte reprenait le projet de loi Dussaussoy, du nom du député qui le déposa dès 1906 au Parlement. Mais les élus bisontins ne s’engageaient guère en votant cela car depuis 1906, ce projet était reporté par le Sénat et ils le savaient vraisemblablement. Résultat : 15 voix pour et 7 contre.
La guerre avec l’implication méritante des femmes françaises ne leur permit pas d’accéder au droit de vote contrairement à d’autres nations. En France, le suffrage universel continuerait à écarter la moitié des votantes potentielles jusqu’en avril 1944.
Le vendredi 27/12 reprenait le Conseil Municipal avec des questions diverses telles que l’extension du réseau de gaz par la Compagnie du gaz et la vérification du pouvoir calorifique du gaz vendu, le nettoyage des rues et des statues, la construction de l’égout de Saint-Claude, l’implantation de cabines téléphoniques afin que tous les quartiers en soient dotés…
Dans le cas de ce Conseil Municipal, le compte-rendu du Petit Comtois peut être considéré comme impartial. Ce journal était partisan, mais savait respecter le libre choix de ses lecteurs.
bonjour,
j’aurai aimé savoir si le reservoir existe toujours
merci
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Bonjour,
Un parking a pris la place à la suite des travaux. Une fois évidé, à l’intérieur des parois existantes, le
volume a permis la création d’une cinquantaine de places de parking privé sous dalle,
pour répondre aux besoins du programme réalisé au 6 rue de la Madeleine.
Salutations
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