Le Petit Comtois du 21 décembre 1913
… C’était pour évoquer les sociétés de secours mutuel.
Albert Métin est été élu député du Doubs en 1909 ; il est nommé ministre du travail et de la prévoyance sociale, dans le gouvernement Doumergue, radical. Bien sûr, le Petit Comtois le soutient et son action est suivie de près par ce journal.
À cette date, sa fonction le conduit donc à assurer la présidence du conseil supérieur des sociétés de secours mutuel.
Les Ordonnances donnant naissance à la Sécurité sociale datent d’octobre 1945, il n’y a donc pas de couverture sociale complète et générale en 1913.
Mais, avec la révolution industrielle, les salariés ont créé des sociétés de secours mutuel. Après une histoire chaotique liée à la loi Le Chapelier (1791 : elle interdisait les associations de travailleurs) et aux changements de régimes politiques au cours du XIXème siècle, elles s’organisent de plus en plus sous la III ème République. La loi de 1898 définit ainsi la mutualité : ni œuvre charitable , ni institution d’assistance commerciale, la loi reconnaît à la mutualité un rôle d’intérêt général dans la mise en place d’une protection volontaire qui ne relève ni de l’État ni du marché. Une Fédération Nationale est créée en 1902 (FNMF), les structures départementales autonomes améliorent leur organisation avec l’aide du Président de la FNMF, Léopold Mabilleau (1859-1941).
Le discours d’A. Métin retranscrit dans le Petit comtois permet de découvrir les domaines d’activité des mutuelles de l’époque. Le secours-maladie est celui qui compte pour les salariés ainsi que la prise en charge des décès, mais l’assistance maternelle, l’assistance aux vieux travailleurs, aux incurables et aux invalides font aussi partie des actions des mutuelles. De plus, elles prônent l’hygiène sociale, protection de l’enfant et de la mère, prévention des maladies. À une époque où la tuberculose fait des dégâts chez les plus mal lotis, la mutualité développe quelques dispensaires antituberculeux.
On voit aussi dans ce discours le début de concurrence entre l’action de l’État et la mutualité. Les retraites ouvrières et paysannes obligatoires (ROP) ont été mises en place depuis 1910 et l’État est le garant des cotisations versées par les employeurs et les salariés. En 1913, les ROP concernent 3.5 millions de bénéficiaires. Métin est de ceux qui souhaitent un rôle accru de l’État dans tous les domaines sociaux. Toutefois, il précise clairement que cela se fait et se fera en collaboration avec les mutuelles.
La guerre va compromettre l’application de la loi sur les ROP et l’extension du rôle de l’État comme celui des sociétés de secours mutuel dans le domaine social.
À Besançon, en 1913, en dehors de la mutualité, les secours proviennent des œuvres de bienfaisance. Beaucoup sont d’obédience religieuse, œuvres charitables catholiques ou protestantes. L’œuvre du Bouillon devenue le Fourneau économique avait été entreprise par Jeanne-Antide Thouret dès 1801. D’autres sont laïques comme ce Bureau de la municipalité de Besançon dont l’extrait de journal ci-contre donne un bilan des secourus pour 1913. Le docteur Bietrix est un homme de droite, nationaliste et conservateur, engagé dans la vie publique, et proche du maire Antoine Saillard élu en 1912 contre la liste des radicaux.
Avec ces articles, le Petit Comtois montre tout l’intérêt porté par les radicaux aux questions sociales. Albert Métin, député, siégeait avec les radicaux socialistes. Le Petit Comtois m’amènera à reparler de lui lors d’une de ses visites à Besançon.