Le Petit Comtois du 21 décembre 1913 (page 3, 3e colonne)
Cet article concerne le travail d’un Dolois, Jules Bluzet, qui prenait fait et cause pour le bien-être des animaux et énumérait tous les aspects de la maltraitance à leur égard. C’est la recension de son livre intitulé « L’Enfer des Bêtes ».
On croirait lire un constat actuel sur les conditions d’élevage, de transport et d’abattage du bétail ou sur le gavage des oies, sur l’expérimentation animale en laboratoire ou sur la tauromachie et les paris sur les combats d’animaux, enfin sur les excès de la chasse aux oiseaux.
Si vous voulez l’intégralité de l’article, lisez-le à la page 3 du Petit Comtois de ce 21 décembre 1913. Vous y découvrirez des témoignages atroces sur les violences contre les animaux donnés par Jules Bluzet lui-même, par exemple l’ayotage qui consistait à faire avaler à des veaux 5 à 6 kg de verre pilé pour gagner du poids avant de les abattre.
La loi Grammont (cf. 1ère partie de l’article) que Bluzet voulait améliorer a été votée en 1850, pendant la deuxième République. Elle se résume à cet article : « Seront punis d’une amende de cinq à quinze francs, et pourront l’être d’un à cinq jours de prison, ceux qui auront exercé publiquement et abusivement des mauvais traitements envers les animaux domestiques ». Mais cette loi ne concernait pas la corrida. Elle était postérieure de cinq ans à la SPA française qui s’attachait alors surtout à la protection des chevaux. Bluzet souhaitait que publiquement et abusivement soient retirés du texte. Aucune interprétation ne pouvait alors être faite de la loi ; tout mauvais traitement aurait été puni.
Tout au long du XIXe siècle des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour compatir à la souffrance animale liée aux abus de l’homme. Michelet, Victor Hugo, Maupassant et Zola seront parmi les plus sensibles à cette cause.
Bluzet va dans le sens de la loi Grammont en faveur de l’adoucissement des mœurs. Le sous-titre de son Enfer des Bêtes est Hygiène morale. Il voit dans la protection des animaux, dans la prise en compte de leurs souffrances intolérables, une hygiène individuelle et sociale en faveur d’une société civilisée, respectueuse et apaisée.
La guerre de 1914 brise net cette volonté; les hommes comme les bêtes vont être massacrés pendant quatre ans.
La situation animale au XXIième siècle est parfois meilleure, mais il reste beaucoup à faire pour réduire la souffrance animale de l’élevage à l’abattage.
On voit ici combien le Petit Comtois témoignait d’une remarquable ouverture d’esprit à des évolutions de la société encore peu admises. La seule chose gênante dans l’édition du 21 décembre est de trouver cet article dans une rubrique intitulée : Variétés.