Le Petit Comtois du 22 novembre 1913
Besançon accueillait, ce 22 novembre 1913, Paul Bureau de la Ligue Française pour le relèvement de la moralité publique. Depuis la fin du XIXe siècle, l’accroissement naturel préoccupait au plus haut point des responsables français.
Il est vrai que la population nationale stagnait littéralement et sa démographie constituait un cas dans toute l’Europe de l’époque. Ce comportement malthusien était décrié par beaucoup.
Ces quelques données montrent l’ampleur et l’originalité du phénomène.
Population
France Allemagne
1851 : 35 783 000 36 000 000
1911 : 39 605 000 61 000 000
Quand l’Allemagne doublait pratiquement sa population en un peu plus d’un demi-siècle, la France l’augmentait à peine plus de 10%. La population française avait déjà achevé sa transition démographique, la mortalité avait baissé, mais la natalité avait rapidement suivi cette baisse et certaines années, elle était même plus faible que la mortalité. Il n’y avait plus d’excédent naturel positif comme entre 1890 et 1900. C’est une explication de la première vague d’immigration italienne, belge, polonaise.
La crainte d’un affaiblissement du pays, d’un manque de soldats en cas de conflit poussait à des réactions dites « morales ». Ci-contre, la brochure d’A. Lecreps en témoigne comme ces citations de Paul Bureau à Besançon :
« A-t-on le droit de se dire honnête homme quand l’on se réfugie derrière les retranchements d’un célibat égoïste ou d’un mariage infécond, lorsqu’on sacrifie avec tant de désinvolture les exigences de la loi morale et les intérêts supérieurs de la noble patrie à laquelle on a l’honneur d’appartenir ? »
Ou encore : « les nations qui prospèrent sont celles chez lesquelles la natalité ne décroît pas. » Et « Le néo-malthusianisme, véritable attentat contre la patrie et l’humanité ».
Cette peur d’être en infériorité numérique par rapport à l’Allemagne explique la loi de trois ans et combien les réserves de l’armée avaient de l’importance avec 25 divisions. C’est ainsi que la France réussit à mobiliser 8 millions d’hommes de 1914 à 1918.
Pour confirmer localement cette léthargie démographique, voici deux exemples de statistiques bisontines publiées le 29 mars et le 2 décembre 1913. Où l’on voit en mars un déficit naturel et, en novembre, des naissances au même niveau que les décès signalés pourtant comme faibles.
Les Bisontins n’échappaient donc pas à cette baisse de fécondité. Le milieu urbain était le premier concerné alors que les campagnes et petites villes du Haut-Doubs franc-comtois conservaient un excédent naturel élevé.